HOMME DE MÉNAGE, de Anton VALENS, 2010, 358 pages, Néerlandais
04/02/2019 11:50 par livresentete
VALENS Anton
HOMME DE MÉNAGE, 20010, 358 pages, Actes Sud
Un roman qui m'a infiniment touché et plu pour son humour mais surtout par les réactions spontanées de BONI, l'auxiliaire de trente-cinq ans.Comme dans la vraie vie c'est du cas par cas. Chacun a son caractère. Chacun a son tempérament. BONO suit les lignes de conduite de l'association à la ligne et se sort de toutes les situations cocasses et imprévues de ses clients, hommes et femmes. Ses clients s'attachent à sa personnalité ouverte et à ses bons services.
Un style d'écriture adapté au sujet et très humaniste. On sent la compassion et le respect pour chaque personnage. J'ai eu beaucoup de plaisir à rencontrer chacun des personnages qui aurait pu être quelqu'un de mon entourage ou de ma ville.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Baisser les bras, à quoi ça sert? »
« Elle n'était pas d'un naturel sentimental. Elle tenait à son indépendance. Elle ne se laissait pas entraîner sur le terrain de la politique. »
« WAGHTO. Nous étions l'un pour l'autre un havre dans nos vies respectives, elle dans la mienne en tout cas. Un auxiliaire masculin, beau gosse et, de surcroît , exceptionnellement sympathique et gentil. »
« Dans les grands romans, le lavage de carreaux est également réduit à la portion congrue. Les deux protagonistes de cette activité utile : l'eau et le verre. Mieux vaut réparer et nettoyer que casser et polluer. L'association de ces deux éléments, l'eau e le verre, produit un effet hautement séduisant. »
« Chaque être humain est unique. »
« En tant qu'aide à domicile, il faut être capable d'adapter un rythme de travail aux désirs et aux critères du client. Chaque client a son tempo. Surtout ne pas se presser, ne pas se presser, dit-elle, tu n'a qu'à papoter ou traîner un peu. »
« Avec l'âge les hommes sont moins dégourdis que nous les femmes. »
« Il faut avoir du calme en soi pour peindre. »
« NIEUWKLAP. Eh oui, mon garçon, on en voit des choses avant de mourir de vieillesse. »
« Je me réjouissais de voir Nieuwklap, je n'avais plus l'impression d'aller au travail. »
« Ce que je vis, c'est une petite déprime ambulante, en costume de velours côtelé marron foncé, avec un toupet aile de corbeau. »
POUR EN SAVOIR DAVANTGE :
« Le narrateur de ce roman est un jeune peintre en mal d'inspiration et surtout qui, par l'intermédiaire d'une agence d'aide à domicile, gagne sa vie en faisant le ménage chez des personnes âgées. Passé maître en ce domaine, plus peut-être que dans l'art qui était sa vocation première, le jeune homme montre des aptitudes étonnantes et une bonne volonté sans pareille.. Très demandé, il passe ainsi de plus en lus de temps auprès de ces vieillards souvent acariâtres, toujours surprenants mais qui trouvent en lui un allié face à l'adversité d'un monde qui ne les comprends plus.
Neuf visages, neuf liens faits d'attachement et d'irritation qui se tissent chaque fois entre ces vieilles gens et leur aide-ménagère au masculin. Neuf histoires simples au fil desquelles se dessine et s'aiguise le singulier regard d'un artiste sur la fragilité des êtres proches de l'effacement. Neuf histoires qui s'achèvent sur une séparation définitive.
Avec empathie mais sans pathos, et souvent sans pitié, VALENS décrit la condition sociale , mentale et physique qui accompagne la vieillesse. Néanmoins, son regard anticonformiste, à la limite de l'absurde, son humour ravageur et son étonnante virtuosité d'écriture transcendent constamment l'apparente morosité de son sujet,offrant au lecteur l'un des plus beaux cadeaux dont soit capable la littérature, celui d'un rire fondé sur la bonté, l'intelligence et la lucidité. »LES ÉDITEURS
Résumé :
Un jeune artiste s'inscrit dans une agence d'interim : il sera dorénavant aide à domicile. Sa vie de bohême prend alors une tonalité inattendue et ses multiples employeurs, tous d'un âge plus que respectable, deviennent ses pires angoisses ou s'avèrent être ses plus belles rencontres. Humour explosif et regard radicalement anticonformiste portent ce roman tragico-comique inoubliable.
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LACROIX Michel
SE RÉALISER, Petite philosophie de l'épanouissement personnel, 2009, 180 pages, Marabout
Un livre qui m'a permis de mieux me comprendre et comprendre le cheminement de ma vie, de mes choix de carrière et de société.
Ce livre dont le sujet principal est la réalisation de soi est présenté à travers les divers siècles de l'épanouissement de l'homme, de Platon à Jean-Paul Sartre tout en tenant compte que la notion d'individu autonome est une invention européenne et nord-américain de la fin du 18ième siècle.
Aristote : »La Cité existe pour permettre à l'homme de vivre bien. La vita activa.
La réalisation de soi. Entre la société et moi s'établit une sorte de deal gagnant-gagnant.Il est à la fois un instrument de critique sociale et un moteur de changement social.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
PAUL VALÉRY ; » Le plus vrai d'un individu, c'est son possible. »
« Je me recentre sur moi-même dans ma subjectivité. »
Se réaliser. »Elle indique, d'une part, que mon moi constitue la matière première à partir de laquelle s'opère le travail de réalisation personnelle et , d'autre part, que c'est par moi-même que cette réalisation aura lieu. La réalisation de soi est une création de moi-même par moi-même. »
JEAN-PAUL SARTRE : »Je n'ai d'autre loi que celle que je me donnerai. »
PLATON. »l'individu sait maintenant en quoi consiste sa vraie nature. Il peut enfin connaître la plénitude. Il peut épanouir son humanité. »
« Car se réaliser, c'est prendre des risques . Le risque de manquer de repères. De s'enfermer dans son moi. De s'égarer. Le risque de la liberté. »
« C'est mon potentiel qui me définit Je suis un réservoir de capacités d'agir et de raisons d,agir.Le comment et le pourquoi. Les aptitudes doivent pouvoir s'appuyer sur des motivations sinon elles ne débouchent sur rien. Il faut avoir les moyens de ses ambitions et les ambitions de ses moyens. Elles se renforcent mutuellement. »
HEIDEGGER. »De vouloir le développement autonome de toutes ses facultés. »
« La pensée positive. Croire dans mon potentiel,dans mes possibilités. Je crois en son progrès. Je détecte les croyances erronées que j'entretiens sur moi-même et je m'efforce de supprimer ces croyances.Ces pensées parasites encombrent ,on courant de conscience, m'empêchent de tirer parti de mon potentiel. Cassez la vison la vision qui vous freine.
Je restaure une pensée positive de moi-même pour installer profondément en moi cette croyance dans mes ressources.
L'autoréalisation est d'abord une autopersuasion. »
« Augmenter mon être, aller jusqu'au bout de moi-même, devenir ce que je suis. Le potentiel me conduira spontanément vers le bien. «
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :Résumé :
Quand on pense développement personnel, on pense souvent aux inspirations apportées par le bouddhisme, le yoga ou le taoïsme. Mais on oublie toutes les réflexions et les expériences proposées par la philosophie et la littérature occidentales. Goethe, Stendhal, Hegel, Kierkegaard, Sartre, Emmanuel Mounier n'ont cessé de s'interroger sur le développement de l'individu et les moyens de s'épanouir.
Conçu comme un guide philosophique, ce nouveau livre de Michel Lacroix permet à tous de se saisir de ces richesses culturelles pour avancer sur le chemin de la réalisation de soi, un chemin qui peut bifurquer vers l'action aussi bien que la contemplation, et qui, parfois, peut conduire dans certaines impasses comme l'hyperactivité ou le fantasme de grandeur...
Pas de techniques simpliste ici, mais un éclairage novateur sur le potentiel humain, la confiance en soi ou la pensée positive tels que les ont imaginés nos plus grands penseurs.
UN LECTEUR :
« Un beau livre qui n'a pas pour but d'indiquer la voie, de donner méthodes et recettes pour atteindre l'épanouissement personnel. Il a pour but de comprendre, "de construire une notion claire et distincte, comme on disait autrefois, de la réalisation de soi."
En 26 chapitres, très bien construits et argumentés, l'auteur aborde la question sous l'angle philosophique, historique, social, spirituel. Avançant pas à pas, il éclaire cette notion vaste et profondément singulière et intime de la "réalisation de soi" qui selon lui est l'une des grandes idées-forces de notre temps.
Un essai, très bien écrit, très facile à lire, où l'auteur interroge l'origine, l'évolution, le bien-fondé, les risques, et les bienfaits de cette question centrale, au coeur de notre humanité. Sa démonstration permet de mieux comprendre comment nous sommes passés de l'extra-détermination à l'intro-détermination, d'une vision pessimiste de l'homme à une anthropologie optimiste, au risque de sombrer dans le donjuanisme et le fantasme de toute puissance, au risque de voir le "nous" se dissoudre au profit du "je". La volonté, le choix, l'action sont quelques uns des thèmes abordés dans cette passionnante réflexion. «
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BARTHE Pierre
ILÛ, L'HOMME VENU DE NULLE PART, 2008, 628 pages, VLB
Roman dont l'action se déroule il y a plus de 30 000 ans dans une partie nordique de la Terre. Les personnages pourraient être considérés comme les premiers habitants de l'Amérique du Nord venus de la Sibérie par le détroit de Béring.
Nous partageons la vie de ces chasseurs au quotidien saison par saison, leur cueillette des plantes, des fruits sauvages, leurs parties de chasse, leurs us et coutumes,leurs règles de vie, leur organisation sociale, l'éducation de leurs enfants, leurs unions familiales, leurs déplacements de tribu en tribu.
Un roman captivant qui nous montre leur survie avec leurs instruments rudimentaires. Leur façon de se nourrir, de se vêtir, de se déplacer.
Un roman qui nous fait vivre également les conflits possibles entre individus, leurs façons de les régler, les talents qu'ils développement pour survivre.
Un roman sur la survie de l'homme primitif et de son histoire en tant qu'être humain en évolution.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Les douze chasseurs pistaient quelques grands mammouths laineux. Les pachydermes entreprenaient leur migration annuelle vers le nord. »
« Pour Kaï c'était enfin l'occasion d'en abattre un. Unique chance d'une vie, se disait Kaï, il piaffait. »
« La notion même de propriété territoriale leur était totalement inconnue. »
« Ils savaient faire du feu. »
« Chacun était libre de ses décisions, de sa façon de vivre, de sa collaboration ou non au succès ou non du clan. »
« ILÛ. Ce qu'il devinait en quelque sorte, c'est qu'il ferait ici une rencontre déterminante avec lui-même, avec la Force qui l'avait conduit en ce lieu dynamique, cette Force qui l'habitait, lui. »
« Dans la nature, le visible et l'invisible étaient indissociables. Le matériel et l'immatériel , le temporel et le spirituel ne faisaient qu'un.Le bien et le mal étaient des notions inconnues.
Seules comptaient les Forces qui en venaient à produire l'équilibre qui soutenait à la fois les espèces et la vie elle-même. Ces Forces c'étaient les Esprits qui les personnalisaient. »
« LES DANSES CÉLESTES DES ESRITS-DU-NORD, les aurores boréales. »
« La fabrication et la manipulation des armes n'occupaient toutefois qu'une partie du temps consacré à l'édification d'une jeunesse habile et robuste. »
« Il s'agissait avant tout d'une épreuve contre soi-même, contre ses faiblesses et ses peurs. La pierre de touche au brave, en quelque sorte, pour mesurer sa capacité à survivre dans des conditions minimales, sans même le soutien des autres. »
Pour en savoir davantage :
Résumé
Il y a quarante mille ans, sur une terre aujourd’hui disparue sous les mers de Tchoukotka et de Béring, un groupe de nomades du Clan-des-Hommes-Vrais recueille un jeune homme blessé et inconscient. Découvrant que celui-ci est amnésique, ses nouveaux compagnons le nomment Ilû-N’Tall, l’homme venu de nulle part. Le jeune Ilû doit alors mener plusieurs combats, d’abord contre les peurs ancestrales et les préjugés de l’époque, pour réussir à se tailler une place dans son clan d’accueil, mais aussi contre les angoisses que génère la quête de sa véritable identité. Malgré les amitiés indéfectibles qu’Ilû réussit à tisser, face à un amour impossible, il choisit plutôt le chemin de l’exil en dirigeant une expédition à la recherche du Clan-des-Hommes-de-la-Grande-Eau. Commence alors une longue marche aventureuse qui conduira Ilû et ses compagnons à fouler un sol nouveau, au-delà de l’ancien monde. Pour eux, en ce jour comparable à tant d’autres, il s’agira des Pays-du-Levant. Mais pour nous, cette découverte sera d’une portée incalculable, car la terre d’accueil sur laquelle ils choisiront de s’installer est celle que l’avenir baptisera «Amérique».
Un homme venu de nulle part, qui ignore tout de ses origines, se retrouve au sein du Clan-des-Hommes-Vrais. Il se nomme Ilû, personnage principal du premier roman de Pierre Barthe qui nous raconte, dans ce livre, les aventures de cet homme qui, il y a quarante mille ans, a guidé une petite bande d’hommes et de femmes jusqu’à une terre d’avenir, l'Amérique. Passionné de préhistoire, Pierre Barthe a voulu dépeindre l’homme à l’état pur, à l’opposé de l’homme moderne collé aux progrès technologiques et au confort. L’auteur y parle d’amour, de grandeur d’âme et d’accomplissement...
Voilà enfin un roman historique qui ose remonter plus loin: Ilû: L’homme venu de nulle part, premier opus de Pierre Barthe. L’auteur nous emmène sur les terres asiatiques, il y a plus de 40 000 ans, et romance de façon superbe la traversée des premiers hommes jusqu’en Amérique, lorsqu’ils passèrent par le Nord. Nous avons ici un récit passionnant et un texte travaillé pour lequel l’auteur a fait de nombreuses recherches, qui nous sont d’ailleurs livrées sous forme d’annexe. Ilû: L’homme venu de nulle part peut convenir à n’importe quel lecteur puisqu’il est loin de s’agir d’un texte inaccessible et surchargé d’informations historiques; vous aurez entre les mains un roman de qualité des plus agréables à lire.
BARBEAU-LAVALETTE Anaïs
NOS HÉROÏNES, illustré, 2018, 86 pages, Québec
L'histoire de quarante et une femmes qui ont marqué l'histoire du Québec, notre histoire par leur détermination, leur carrière, leur talent pour faire reconnaître leur égalité face aux hommes de leur époque de 1580 à 2006. Elles réclamaient tout simplement le droit de prendre leur place, de jouer leur rôle dans notre société.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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Résumé :
Le 23 juin 2018, Anaïs Barbeau-Lavalette, auteure du magnifique roman La femme qui fuit, prononce un discours symbolique et électrisant sur les Plaines d'Abraham. Elle braque les projecteurs sur les femmes oubliées de notre histoire. Avec l'illustratrice Mathilde Cinq-Mars, elle propose ici un album sous forme de voeu : que ces femmes s'infiltrent pour de bon dans nos vies. Que grâce à leurs fabuleuses histoires, elles aient enfin le dernier mot.
Le 23 juin 2018, Anaïs Barbeau-Lavalette, auteure du magnifique roman La femme qui fuit, prononce un discours symbolique et électrisant sur les Plaines d'Abraham. Elle braque les projecteurs sur les femmes oubliées de notre histoire. Avec l'illustratrice Mathilde Cinq-Mars, elle propose ici un album sous forme de voeu : que ces femmes s'infiltrent pour de bon dans nos vies. Que grâce à leurs fabuleuses histoires, elles aient enfin le dernier mot.
Les libraires craquent
Les libraires conseillent (décembre 2018) par la librairie Les libraires
Nos héroïnes, c’est ce fabuleux portrait de Québécoises méconnues, qu’elles soient sportives, religieuses, scientifiques ou artistes, qui ont lutté, chacune à leur manière, contre le marasme de leur époque. Anaïs Barbeau-Lavalette transmet leur humanité et leur force de caractère par des anecdotes du quotidien et les honore avec tendresse. Mathilde Cinq-Mars enrobe le tout d’illustrations magnifiques, au charme vieillot, qui attirent le regard. Un livre-objet superbe, éclairant autant que nécessaire.
Chantal Fontaine, librairie Moderne (Saint-Jean-sur-Richelieu)
« C’est au moment où elle écrit La femme qui fuit qu’Anaïs Barbeau-Lavalette prend conscience du manque flagrant de modèles féminins dans notre histoire écrite. À l’instar de sa grand-mère — Suzanne Meloche, femme forte qui décide de quitter la famille pour s’accomplir —, plusieurs femmes ont façonné le pays, porté leur cause, quitte à tout perdre.
Avec Nos héroïnes, qui paraît tout juste chez Marchand de feuilles, l’auteure met en lumière une quarantaine de portraits singuliers qui ont, depuis les débuts de la colonie jusqu’à la période contemporaine, marqué l’histoire, façonné le paysage culturel et social. « Écrire ce livre est, pour moi, la suite logique des choses. Qu’est-ce qu’on construit après #MoiAussi? C’est ça. On construit des modèles de femmes fortes qui depuis très longtemps se sont levées et ont bravé les interdits », explique Anaïs Barbeau-Lavalette dans une entrevue accordée au Devoir.
Bien que sa façon de les mettre en lumière permette aux lecteurs, petits et grands, de prendre la mesure des exploits, Anaïs Barbeau-Lavalette parvient à les présenter d’abord et avant tout comme des êtres humains qui ont su tenir tête, croire en leurs forces et s’affirmer comme tels. « Il faut se réapproprier cette façon de raconter en présentant de façon naturelle le vécu de ces Kateri Tekakwitha, Louise de Ramezay, Emma Lajeunesse », ajoute-t-elle.
Si quelques figures incontournables se sont imposées lors de la sélection des modèles — Marie Rollet, Simonne Monet-Chartrand, La Bolduc, Thérèse Forget-Casgrain en tête —, les coups de coeur et les personnalités marginales ont par la suite guidé le choix. « Je voulais un portrait d’héroïnes varié, un éventail de luttes aussi. Il y a autant de sportives que de militantes pour les droits. Il y avait aussi beaucoup d’Amérindiennes qui s’imposaient, parce qu’elles font partie de notre paysage. Je trouve ça beau de faire cohabiter ces femmes de façon naturelle. »
Je voulais un portrait d’héroïnes varié, un éventail de luttes aussi. Il y a autant de sportives que de militantes pour les droits. Il y avait aussi beaucoup d’Amérindiennes qui s’imposaient, parce qu’elles font partie de notre paysage. Je trouve ça beau de faire cohabiter ces femmes de façon naturelle.
— Anaïs Barbeau-Lavalette
Tendre et enveloppante, l’auteure parvient ainsi à poser un regard très doux et humain sur chacune d’elles, favorisant l’identification. « Je pense qu’on peut être forte tout en étant très féminine. Il y a des femmes qui finissent en prison et qui continuent à porter leur collier de perles. La modernité du féminisme, c’est ça aussi. Tu peux être une femme séduisante qui aime se mettre belle tout en levant le poing et en allant se battre. Tout ça est conciliable. C’est cette vision globale de l’héroïne que j’avais envie de montrer. On s’est tellement fait raconter des histoires d’hommes forts et vainqueurs, mais c’est beau aussi, des femmes fortes. De rendre ça accessible et non unidimensionnel, c’était très important pour moi. »
Pousser droit et fier
Écrit et pensé pour les enfants, Nos héroïnes s’est imposé de lui-même dans le parcours de l’auteure. « Il fallait que je m’adresse à nos enfants. Pendant l’écriture, j’étais branchée sur eux. Je leur parlais, c’est à eux que je m’adressais. J’ai d’ailleurs réalisé que, grâce au livre, les femmes allaient faire partie de la mémoire collective des enfants. Je parle déjà de Rosa Parks, de Frida Kahlo, de Marie Curie à mes enfants, et ils jouent à être ces personnages. Ça fait partie de leur imaginaire autant que Spider-Man et la Reine des neiges. Je me dis alors : pourquoi pas Marie Gérin-Lajoie ? Si la Reine des neiges peut exister aussi fortement, je suis certaine que nos héroïnes québécoises le peuvent aussi. »
Mais au-delà de cette volonté de faire connaître ces femmes qui ont forgé notre histoire, Anaïs Barbeau-Lavalette porte en elle et à travers ce livre un désir plus grand nourri d’espérance. « Je trouve qu’on est dans une époque lourde à porter et j’aimerais que les enfants sachent qu’on peut encore avancer dans le monde de façon lumineuse. Ils doivent sentir qu’ils ont une marge de manoeuvre, qu’ils ont un pouvoir, qu’ils peuvent grandir en faisant partie de ce monde-là, en se l’appropriant, en l’inventant à leur façon. Et j’aimerais que les petites filles et les petits garçons s’approprient ces héroïnes, qu’elles nourrissent leur fierté, qu’elles les encouragent à participer au monde. »
La mémoire collective, l’importance de faire partie d’un tout pour mieux marcher ensemble vers demain, participe de la démarche de l’auteure, qui est avant tout une mère et une citoyenne. « Ce que j’ai envie de partager avec ce livre, ce sont des prises de pouvoir sur le monde, et c’est notre rôle en tant que parents de transmettre ça. » Le 10 novembre il y aura une marche pour la suite du monde dans tout le Québec pour exprimer notre désir de participer de façon individuelle et collective à la lutte contre les changements climatiques.
« Cette marche, autant que mon livre, s’inscrit dans cette même volonté de participer à un grand tout. J’aimerais que les petits vivants puissent pousser droit et être fiers d’être des êtres humains sur terre. Le livre permet une certaine perspective sur l’histoire, permet de comprendre que ces héroïnes ont, elles aussi, vécu dans un monde difficile. Elles perdaient leurs enfants à cause de la petite vérole, elles ne pouvaient pas choisir leur chef de pays ou leur mari. Mais elles ont avancé. C’est clair que ça relativise et fait prendre conscience du chemin parcouru. Oui, il y a encore du chemin à faire, mais il faut se tenir debout et ne pas perdre espoir. »
https://www.ledevoir.com/lire/540921/nos-heroines-se-tenir-debout
LAVOIE Marie-Renée
LA PETITE ET LE VIEUX, roman, 2010, 235 pages, Québec
Un roman dont le personnage principal est une petite fille de huit ans qui va nous permettre de pénétrer dans sa vie d'enfant jusqu'à l'âge de treize ans. Elle avait fait le choix de rêver sa vie. Une rêveuse
à grande imagination et maturité sociale. Un roman qui se lit et se visualise comme un film québécois sous-titré dans un langage populaire de la ville de Montréal avec tous ses services de quartier ,ses pauvres et ses sans abri.
Hélène, dix ans, a choisit de s'appeler Joe, est souvent témoin de la qualité de vie limite des personnes et des enfants de son quartier, des injustices sociales comme des enfants qui dorment par terre sur un matelas dans une cuisine.
Dans ce roman on se croirait parmi cette famille. Quelques instants de bonheur, de lecture d'un bande dessinée, de joie de la vie d'une famille au Québec.
Roman spontané ,jovial et émouvant. Une écriture à deux niveaux : celui de l'enfant et celui de son entourage.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
Résumé :
« Elle se nomme Hélène, mais se fait appeler Joe parce qu’elle veut vivre en garçon comme lady Oscar, son héroïne de dessins animés préférés qui est le capitaine de la garde rapprochée de Marie-Antoinette. Comme elle, elle aimerait vivre à une autre époque et réaliser de grands exploits, car elle a l’âme romantique et un imaginaire avide de grands drames. Mais elle doit se contenter de passer les journaux, puis de travailler comme serveuse dans une salle de bingo. Après tout, au début du roman, elle n’a que huit ans, même si elle prétend en avoir dix.
Hélène a trois sœurs, un père très occupé à être malheureux et une mère compréhensive mais stricte qui ponctue ses phrases d’un «C’é toute» sans réplique. Elle vit dans un quartier populaire peuplé de gens souvent colorés dont le plus attachant est sans nul doute son nouveau voisin, Monsieur Roger, un vieil homme qui rêve de mourir. Il passe ses journées à boire de la bière, mais il accourt dès qu’on a besoin de lui. Hélène et lui développent une amitié indéfectible.
Le roman est traversé par une grande tendresse et rendu avec une grande vivacité. Hélène peut se rassurer : elle fait preuve d'autant d'héroïsme que Lady Oscar et sa vie est tout aussi palpitante que la sienne. La vrai aventure n'est-elle pas de vivre au quotidien. » LES ÉDITEURS
UN LECTEUR :
« Un vieux, un peu grincheux, un peu solitaire, assis sur sa chaise rouillée sur sa terrasse. Il regarde la rue, n'en a rien à foutre, observe en silence, une ‘tite bière frette à la main. Il n'a jamais regardé un épisode de Lady Oscar. Tout ce qui l'intéresse, lui, c'est sa bière, et la bonne température de sa bière. Il attend juste que la mort vienne le chercher, avec sa bière frette. Et il espère qu'elle viendra rapidement.
- Dis, c'est quoi un sandwich à la crème glacée ?
Et pis, y'a Hélène qui veut qu'on l'appelle Joe. Un prénom masculin pour faire comme Lady Oscar du temps de la splendeur de Versailles. Elle ne rate pas un épisode de ce manga japonais et se rejoue dans sa tête et dans sa vie les scenarii, les dangers et les actes de courage de cette lady élevée comme un garçon. Lady Oscar, c'est son initiation à la vie.
Entre ces deux-là, une certaine connivence va s'installer. Ils vont s'apprivoiser. Ils vont apprendre à se connaître. Il faudra quelques temps pour qu'ils s'apprécient vraiment, mais une fois l'amitié scellée, cela sera un bonheur de les voir converser. Elle n'a que huit ans, même si elle déclare en avoir dix. Elle rêve d'exploits assez dignes pour sauver Marie-Antoinette des malversations de son entourage. Sauf qu'elle doit se contenter de livrer des journaux ou de servir des bières frettes dans une salle de bingo. Il n'attend plus rien de la vie, si ce n'est qu'elle lui foutte la paix (la vie) en s'évadant rapidement de son corps déjà froid (tiens, une douleur dans le bras gauche, sueurs et palpitations, serait-ce le bon moment).
La mère de Joe est très occupée de par ses activités, elle ne plaisante pas à la maison, discipline discipline, un point c'é toute. Son père, finalement peu présent, est occupé à être triste et malheureux. Joe se retrouve donc souvent livrée à elle-même, avec petits boulots contraignants et éreintants, juste pour gagner quelques piastres et aider sa famille à vivre mieux dans ce quartier populaire et ouvrier.
Le vieux Roger se dit vieux, se dit prêt à mourir, mais en attendant est toujours présent pour aider Joe ou sa famille, toujours là pour un bon conseil, un coup de main, ou une épaule sur laquelle Joe pourra épancher ses rêves ou son spleen. Je l'aime bien ce Roger, je sens qu'il me ressemble, en plus il est fort en sacrement, il me fait sourire, cet ours mal léché qui au fond a bon fond.
Connivence, j'ai déjà dit. Amitié solide, épaules partagées. Quelle tendresse à les voir se quereller gentiment ou rire gaiement, ou regarder les étoiles et la lune en dégustant un sandwich à la crème glacée (alors oui, si tu es comme moi, tu te demandes ce qu'est un sandwich à la crème glacée ; parce que non avant ce roman je ne savais pas ce qu'était un sandwich à la crème glacée, pourquoi pas deux tranches de pain avec une glace à l'intérieur…les québécois ont parfois de drôles d'idées)
Hélène est un tout petit bout de femme pas encore femme mais qui grandit trop vite pour pouvoir aider toute sa famille. Roger est cet homme qui aurait pu devenir aigri et acariâtre en attendant la mort si son chemin n'avait pas croisé celui de Joe. Et entre les deux et une plume tout en douceur, en gentils jurons et en franc parler du Québec, ce petit roman est une petite douceur d'émotion et de bons sentiments.
- Putain que ça a l'air bon un sandwich à la crème glacée…
Et je crois qu'à la fin de ma bière frette, je me souviendrais longtemps de leur histoire et de ce maudit Saint-Cibolaque d'ostie de christie de Viarge de Saint-Sacrament. Toute la poésie du monde québécois en un juron, comme des marshmallows au sirop d'érable crépitant sur un pic autour d'un feu de camp, une mélodie de Roch Voisine crépitant du poste de radio.
Ce roman, 50 % sirop d'érable, 50 % joual ! « www.babelio.com
BARBEAU-LAVALETTE Anaïs
Un récit agité de ce qu'elle a vécu lors de son séjour en Palestine. Un séjour émouvant et humain parmi les habitants hommes et femmes. Elle découvre la réalité des familles troublées par la guerre et l'occupation du pays contrôle autant pour rentrer que pour sortir, les checkpoints. Un peuple heureux mais en manque de liberté.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Une shahida, martyre. Une bombe humaine. Mon neveu, Shahid aussi. «
« L'armée détruit la maison en représailles. »
« On m'a expliqué que le STAR ACADÉMIE panarabe a été produit pour apprendre la démocratie au peuple. »
« Avoir le regard opaque. C'est ce que je trouve le plus difficile.Éteindre le regard, le placer sous voûte, ne l'offrir qu'à ceux qui le connaissent déjà. Il faut choisir qui on invite. »
« Une université en territoires occupés. On aime apprendre :c'est comme aller loin sans bouger. »
« Les PALESTINIENS n'existaient pas. n leur existence était pourtant impossible.
Ce premier cri date de 1929. Depuis, ils ne cessent de crier qu'ils existent. »
« Mohammed doit se faire exploser d'abord, sur les gardiens de sécurité du ministère de la Défense, et Karim doit renter à l'intérieur de l'édifice par la suite. Mohammed aurait pu mourir. Pire : Mohammed avait choisi de mourir. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
Résumé :
« La Palestine d’Anaïs Barbeau-Lavalette est un paysage hérissé d’aspérités, de murs et de checkpoints. Ramallah est une ville bruyante où l’on confond parfois les feux d’artifice avec des explosions, où des centaines de mères ont dû sacrifier un enfant à la résistance. Mais sa Palestine est aussi un jardin fertile et invitant où poussent figues, pommes grenades, pêches et raisins. C’est une rue dans laquelle joue un petit garçon déguisé en Superman. C'est une frontière animée où les marchants vendent des poules, des livres, de la crème glacée et des maillots de bain. C'est un pays où le Star Académie panarabe sert aussi à apprendre le droit de vote à ses habitants.
À travers la vision kaléidoscopique d'Anaïs barbeau-Lavalette on découvre une Palestinne multiple. Plus qu'un carnet de voyage, ce texte est une vibrante réflexion sur le courage, l,amiur et l'importane de la famille. Avec une toucahnte sobriété, elle raconte non pas ce qu'elle a vu, mais bien ce qu'elle a vécu. » LES ÉDITEURS
EMBRASSER ARAFAT
https://voir.ca/livres/2011/04/21/anais-barbeau-lavalette-embrasser-la-vie/
« Plongée dans la préproduction du film, Anaïs a ressorti ses "vieux carnets de routard". Le livre Embrasser Yasser Arafat, qui sort cette semaine, offre aux lecteurs un florilège des pages inspirées par la vie quotidienne en Palestine. On y rencontre justement Mohammed, un aspirant kamikaze qui s’est fait arrêter en chemin et qui raconte, devant sa mère et ses soeurs, comment le plan a mal tourné. Une scène qui marie le tragique et l’anodin, sans flafla, et qui résume bien le regard que pose ABL sur l’existence des assiégés. "Oui, le monde meurt, mais autour, le monde "frenche" aussi! Le ti-cul qui allait se faire exploser, il est là qui boit du Coke, ses soeurs le niaisent, il est aussi ti-cul que n’importe quel petit frère!" Bref, des êtres comme vous et moi, aux prises malgré eux avec des situations extrêmes et réagissant parfois de manière extrême.
Mais pas tous. ABL raconte aussi comment Siham a dû passer cinq années "à cohabiter avec l’armée israélienne, qui avait fait sienne une partie de la demeure familiale". Continuant de vivre sa vie avec "un soldat dans son bain, un autre devant sa télévision", Siham vient à les connaître et à partager avec eux certains repas.
Faysal, lui, continue de rêver à "un seul État démocratique", à l’exemple de l’Afrique du Sud. Pour eux, la violence n’est pas une solution. Les chroniques d’ABL plaident dans le même sens: malgré la dure réalité, on n’y voit ni hargne ni récriminations; seulement de l’empathie et de l’affection. »
MURAKAMI Haruki
LA COURSE AU MOUTON SAUVAGE, roman, 1982-2002, 298 pages, Seuil
Un roman dont l'écriture est à mi-chemin entre le réalisme et le fantastique, composée d'inventivité et d''humour. Le sujet de ce roman pourrait être « Tribulations sur la piste d'un mouton ».
Un roman sous forme de conte : chercher un mouton avec une étoile noire est une belle histoire fantastique. Tout de même un roman avec un fond historique dont : Le hameau de Junitaki.
Qui dit course dit aventure, trajet, orientation, découverte d'une destination, d'un objectif précis.
Des échanges intellectuels très élaborés sur la raison d'être des choses et des rôles à jouer pour toutes les classes sociales et financières. Un voyage dans l'espace et dans le temps.
Comment retrouver le mouton blanc avec étoile sur le dos selon une photo ancienne pour honorer un contrat qui déterminera un engagement ou un renoncement.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com,à visiter
« L'homme-mouton était comme un animal. Si je l'approchais, il reculait. Si au contraire je reculais, c'est lui qui avançait. »
« Je veux donc trouver ce mouton. Ce mouton constitue la matrice de la Volonté du Maître. »
« Le docteur ès mouton est âgé de 73 ans. Le mouton de la photo remonte à 1936. »
« Le monde est médiocre. Aucun doute là-dessus. La médiocrité est apparue à partir du moment où les hommes ont fait une distinction entre moyens de production et vie quotidienne. »
« Le temps est une chose désespérément continue, le temps est dune continuité à toue épreuve. Le temps coule tel qu'il vient, comme un fleuve limpide. Peut-être que je vis tout seul depuis trop longtemps. »
« J'essaie de saisir les choses aussi justement que possible. Je ne voudrais ni exagérer ni coller à la réalité plus qu'il ne faut. Mais ça prend du temps. »
« Le docteur ès mouton.L'endroit saur la photo. Ce sont les pacages où j'ai vécu durant neuf ans. C'est là que j'élevais mes moutons. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
« Ami d’un jeune homme surnommé le Rat, un publicitaire assez banal, divorcé, vivant avec une femme dotée de très belles oreilles, voit son univers basculer parce qu’il a publié la photo d’un troupeau d’ovins dans un paysage de montagne. Parmi ces moutons, l’un d’eux aurait pris possession d’un homme pour en faire le Maître d’un immense empire politique et financier d’extrême droite. Or, le Maître se meurt. Menacé des pires représailles, le publicitaire doit retrouver le mouton avant un mois. Ce qui le mène de Tokyo à l’hôtel Dauphin de Sapporo, pour finir au fin fond d’une montagne encore plus au nord de Hokkaido.
« Qui irait croire une histoire aussi loufoque ? » dit le Rat à son copain.
Et pourtant, on y croit parce que c’est Murakami, un auteur qui sait décrire – comble du style - de manière très naturelle des histoires extraordinaires, introduire des canettes de bière et des morceaux de jazz dans ce qui semble une fantasmagorie, faire sentir le vent ou le silence de la neige qui règnent sur les rêves. » LES ÉDITEURS
Résumé :
« A Tokyo, un jeune cadre publicitaire mène une existence tranquille. Il est amoureux d’une jeune fille par fascination pour ses oreilles, est l’ami d’un correspondant qui refuse de lui donner son adresse pour de confuses raisons..., jusqu’au jour où cette routine confortable se brise. Pour avoir utilisé une photographie apparemment banale où figure un mouton, sa vie bascule. Menacé par une organisation d'extrême droite, il va se mettre en quête de cet animal particulier, censé conférer des pouvoirs supranaturels…
L’écriture de Murakami, à mi-chemin entre réalisme et fantastique, par son inventivité et son humour, place ce roman dans un univers qui paraît ne rien devoir aux classiques japonais. Son auteur est sans aucun doute l’un des représentants les plus originaux de la littérature nippone contemporaine. » www.babelio.com
UN LECTEUR :
Hitsuji wo meguru bÅken
Traduction : Patrick de Voos
Terminé aujourd'hui "La course au mouton sauvage" dont on peut se demander, par une réflexion de l'Homme en Noir un peu avant l'épilogue, s'il ne serait pas plus exact de l'appeler : "La sauvage course au mouton."
Et c'est un livre pas-sion-nant ! Une petite merveille de récit à la fois insolite et initiatique qui, à partir du début de la "course", flirte carrément avec le fantastique. Mais un fantastique diffus, fidèle à une certaine tradition japonaise, un fantastique poétique et doux, avec des pointes de cruauté mélancolique.
Tout bien sûr débute de façon banale avec un narrateur de 36 ans qui vient de divorcer et qui traîne à Tôkyô une existence de publicitaire aisé mais désabusé. On peut croire longtemps à une histoire d'amour un peu semblable à celle de "La Ballade ..." jusqu'au moment où notre narrateur se voit convoqué par l'Homme en Noir, mi-conseiller politique, mi-yakusa, dévoué secrétaire du Maître, ponte moribond de l'Extrême-droite japonaise.
Avant de prendre son envol vers les hautes sphères du pouvoir, à la fin des années 30, le Maître n'était qu'un jeune homme tout à fait banal. Mais, à partir de l'an 1937, il s'est mué en un leader incontesté et incontestable. Pourquoi ? La réponse est toute simple : parce qu'un mouton - pas n'importe quel mouton, bien sûr - s'est emparé de son esprit. Mais le corps du Maître étant arrivé sur la fin, le mouton-parasite vient de le quitter, en quête d'un nouvel hôte. Et ce que l'Homme en Noir exige du narrateur - pour certaines raisons que je vous laisse découvrir - c'est qu'il déniche ce fameux mouton - et éventuellement le nouveau corps qu'il a choisi.
Comme le fait lui-même remarquer le narrateur lors de son entretien avec l'Homme en Noir, l'histoire est complètement absurde et pourtant, quelque chose fait qu'on la sent authentique ...
Autant parce qu'on lui force la main que parce qu'il est lui-même taraudé par la curiosité, notre héros accepte donc la "mission" dont on veut à tous prix le charger. Et il part en quête, accompagné par sa girl friend, une jeune femme aux oreilles d'une beauté délicate qui, en parallèle de ses activités de correctrice pour une obscure maison d'édition et pour une agence de mannequins spécialisée dans les photos ... d'oreilles, travaille aussi comme escort-girl.
En sortiront-ils indemmes ? Physiquement, oui. Moralement, c'est autre chose.
Quoi qu'il en soit, à l'image d'une bonbonnière japonaise dont on se demande en vain pourquoi on n'accepterait sous aucun prétexte de se séparer d'elle, ce livre a quelque chose d'exquis et même d'envoûtant. Aux antipodes de "La Ballade ..." (qui m'avait laissée un peu sur ma faim ...), il laisse présager chez son auteur une grande faculté de renouvellement, qualité à mon avis trop rare dans le roman actuel. N'hésitez donc pas à vous faire votre propre idée sur la question : lisez "La Course au mouton sauvage"
RICHARD Lyne
NE DITES PAS À MA MÈRE QUE JE SUIS VIVANT, roman, 2012, 264 pages, Québec, *****
Un roman vraiment touchant de cette auteure Québécoise. Un roman rempli de questions, d'émotions, de compassion, de mystères, de non-dit, l'histoire personnelle d'un vie parallèle d'une femme qui veut être livre de sa vie.
Une écriture exaltante avec une grande sensibilité féminine qui s'exprime par ses moindres gestes et pensées. Une écriture poétique et tendre avec des odeurs marines
Un roman d'une imagination fertile, sublime. Un roman dont on ne peut soupçonner ou même tenter d'anticiper le dénouement de cette vie en parallèle. Une vie remplie de fantastique.
J'ai adoré la lecture de ce genre de roman d''anticipation.
« THOMAS. L'horreur du monde était un cilice qu'il portait volontairement. Il n'y avait plus de joie. Plus de beauté. Pas même une lueur d'espoir. »
« BÉATRICE, la mère. CHLOÉ, la fille. Ce consentement .L'ultime consentement à être prise par son propre père dans une union charnelle totale et absolue. »
« La clinique Vingt-Mille-Livres-sur-la-Mer. Les viols, les meurtres, les désespérances doivent être dits, racontés dans tous ses détails. »
« THOMAS.CHLOÉ, sa sœur. Thomas lui avait fait comprendre sur tous les tons qu'il voulait plus jamais la revoir. »
« THOMAS. Il embrasse la mélancolie comme d'autres partent en voyage. »
« BÉATRICE.--Mon fils est mort, vous savez. Tout a brûlé, tout. J'ai tout vu, jusqu'aux cendres. »
« L'incarnation même de l'amour, n'est-ce pas la fusion de l'esprit, de l'âme et du corps. »
« Faut pas s'fermer quand on a« des chagrins, c'est l'contraire, faut tout ouvrir, les yeux, la bouche, le ventre... »
« Le désir a ses lois, où le sacré et la sexualité sont liés. Le désir est l'incarnation de l'amour, son expression, il est le mystère dans lequel nous perdons pied. La libido est une mesure d'énergie! »
« Échanger le cri de MUNCH contre une pomme de CÉZANNE. »
« Tous les matins, avec la levée du jour, le cœur devrait ouvrir des ailes neuves, »
« Il faut échapper ce qui nous tue. »
« THOMAS. Il vient d'entrer dans l'autre vie de sa mère.. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
«RÉSUMÉ :
Alors qu’il était enfant, un drame familial a secoué l’univers de Thomas : sa sœur et son père entretenaient une relation incestueuse. Lorsqu’elle a découvert cette relation, Béatrice, la mère de Thomas, a cessé de parler et s’est repliée sur elle-même. Dans une atmosphère de bord de mer et de poésie, Lyne Richard nous raconte une fable où la vie et l’espoir, même après de longs déchirements, peuvent triompher. » LES ÉDITEURS
UN LECTEUR :
« Mon sourire, c’est que je voudrais être heureuse. Le cœur, c’est que j’aimerais que le mien s’ouvre à tout, au monde, aux êtres, à la nature. La fleur, c’est pour les enfants que j’aurai, je veux leur apprendre les fleurs, les mousses et les lichens. Et puis les oiseaux, c’est pour la liberté. Je veux être libre de partir, tout le temps, où que je sois dans ma vie.
Être amoureux, c’est vivre en amants, en amis, être frère et sœur d’une humanité à la fois dérisoire et belle, en pleurer et en souffrir, en rire et traverser des forêts où chaque arbre nous apprend la terrible respiration du monde ; c’est lier nos bras, nos pas autour de la maison, nos silences et nos blessures, des petites phrases et des trop-pleins...
L’amour, il faut que ça crie, que ça éclate, que ça tombe à genoux, que ça roule sur la neige, que ça brûle, que ça embrasse doucement les chambres, que ça saisisse les ombres et les ailes des oiseaux, que ça ramasse les miettes pour les matins où le goût de vivre se renverse ; il faut que ça dénoue doucement la chevelure et la langue, que ça console les lampes d’avoir trop bu l’absence
La seule façon de survivre, c’est de toujours chercher la bonté et la beauté, chaque jour, chaque minute, mais sans oublier notre part de responsabilité dans les atrocités de notre monde. « www.babelio.com
LYNCH Jim
LES GRANDES MARÉES, 2018, 273 pages, premier roman, ****
Un roman dont le personnage principal est un jeune garçon de treize ans qui vit sur le bord de la mer. Il nous fait part de ses découvertes marines, des événements qui se déroulent sous ses yeux au quotidien. Malgré son âge c'est un grand observateur et surtout un grand lecteur. On en apprend beaucoup sur les animaux du genre calmar, des mollusques et plantes marines comestibles qu'il vend.
Roman écologique car MILES respecte beaucoup son environnement et tous ses phénomènes comme les plantes et les animaux luminescents de la taille d'un grain de poussière qui s'entrechoquent en émettant de la lumière partout où l'eau est brassée.
Nous baignons longuement dans une atmosphère de vie marine et nous partageons la sagesse des expériences d'un garçon de treize ans qui vit près d'une plage.
Un roman qui nous rappelle que toute la vie à l'origine de la TERRE vient de la MER.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Car tout finit par retourner à la mer, à Oceanus, le fleuve océan, tel le ruisseau intarissable du temps, le DÉBUT ET LA FIN. »
« Le présent est ainsi lié au passé et à l'avenir, et chaque chose vivante est liée à tout ce qui l'entoure. » Rachel Carson ,Les merveilles de la mer et de ses rivages »
« La mer. L'équivalent d'une tasse d'eau peut contenir des milliers de plantes et d'animaux vivants. »
« Les crabes marchent de travers. Ils ne se soucient pas d'avancer ou de reculer. »
« Son père. Je crois que ça me gêne pas d'être le père ordinaire d'un génie qui dévore les bouquins , d'un enfant prophète ou de Dieu sait ce que les gens essayent de faire de toi. »
« La plage parle à MILES O.MALLEY. »
« Qui met en lumière les clochards et les voleurs dans un arbre généalogique? »
« 85% de la vie sur terre se trouve dans la mer... la moitié de l'océan est si profond que la lumière du soleil n'y pénètre jamais. »
« La mer, là où le drame de la vie a joué là où les forces de l'évolution sont à l'oeuvre aujourd'hui. »
« MILES. 13 ans. CALAMAR BOY. J'avais l'impression qu'on m'avait confié un rôle plus important que celui pour lequel j'avais auditionné. »
POUR EN AVOIR DAVANTAGE :
Résumé :
« Le jeune Miles sort souvent de chez lui en secret pour explorer les eaux de la haie de Puget Sound, dans l'Etat de Washington. Une nuit, à marée basse, il découvre une créature marine rarissime échouée dans la vase. Il devient alors la vedette locale, assailli par d étranges personnes qui ne savent pas s'il s'agit d'un simple observateur, d'un intrépide ou d'un éventuel prophète. Mais Miles a bien d'autres préoccupations. Il doit prendre soin d'une vieille dame un peu médium et empêcher le divorce de ses parents, sans oublier son ancienne baby-sitter, qu'il tente maladroitement de séduire... Au cours de cet été pas comme les autres, il va apprendre à décrypter les mystères de la vie et ceux de la mer. »
« Une nuit, Miles O’Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n’est pas un affabulateur ou... peut-être même davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s’apprête à grandir, passionné par l'océan, amouraché de la fille d’à côté et inquiet à l’idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d’entrer dans le monde des adultes. » LES ÉDITEURS
Jim Lynch est un immense sentimental, il écrit merveilleusement bien et il décrit la mer, la nature de manière prodigieuse.
Christine Ferniot - Michel Abescat, LE CERCLE POLAR - TÉLÉRAMA
Une histoire poignante sur le passage à l’âge adulte et un premier livre enchanteur sur la vie aquatique.
UNE LECTRICE
« Un roman atypique, surprenant et très attachant!
Partons sur les bords de l'océan , à Puget Sound, dans l'état de Washington. Miles, adolescent de 13 ans, est passionné ( tout comme l'auteur) de biologie marine, et passe auprès des autres jeunes pour un doux dingue. En sa compagnie, nous découvrons ( en ce qui me concerne, je n'y connais pas grand chose, en tout cas!) un monde captivant et insoupçonné, fort inquiétant parfois ( j'avoue, je ne raffole pas de tous ces petits êtres qui grouillent dans l'eau) ,celui des plantes et des animaux marins...Miles nous le rend si vivant, cet univers aquatique, les images sont évocatrices, saisissantes de réalité.
Jugez-en plutôt : en parlant des crabes, par exemple, Miles décrit leur ascension sur un parc à huitres:" J'entendis leurs pinces qui s'accrochaient bruyamment aux trous du grillage afin de hisser leurs corps cuirassés ".
Savez-vous, par ailleurs,ce que sont des nudibranches? Des petits animaux aux dizaines de plumets fluorescents, avec des bouts orange, semblables à des cornes, au corps translucide. Et pourquoi ces merveilles ne sont -elles pas la proie d'autres bêtes ? Parce qu'elles ont un goût infect!
Bref, on apprend de nombreux détails sur les richesses océaniques. Mais pour moi, c'est là que le bât blesse un peu, j'ai eu l'impression souvent d'assister à un cours de biologie, même si c'était à travers les explications de Miles. Un peu trop pédagogiques pour un adolescent, même très informé sur le sujet...
Cependant, ce roman qui se présente à la fois comme une fable écologique et un récit initiatique a bien des atouts.D'abord, j'ai aimé le personnage de Miles, qui, au cours de cet été particulier, va percer la coquille de l'enfance et affronter le monde adulte, angoissant car hanté par les séparations, la mort et un premier amour difficile à exprimer...Miles,dont la petite taille n'évoluait pas jusqu'ici, à la grande déception de son père, mais il va soudain grandir, c'est très symbolique!
D'autre part, ces animaux extraordinaires ( car jamais aperçus à cet endroit jusque là ) qu'observe plusieurs fois Miles,sur la plage où il se rend tous les jours ,laissent présager un bouleversement de l'écosystème , de même que la grande marée qui ravage tout...
" Peut-être que la Terre essaie de nous dire quelque chose", avoue Miles spontanément, lors de sa première découverte.Et comme il a raison. Apprenons à l'écouter, à préserver toutes les beautés qui l'habitent, avant qu'il ne soit trop tard. « ww.babelio.com
MAURE ÉLIE
LE COEUR DE BERLIN, roman, 2016, 234 pages, Québec.Un premier roman.
Un premier roman très réussi autant par le style remarquable de l'auteure que par le sujet délicat qu'est l'inceste.
Un roman, un récit de souvenirs de famille pour mieux comprendre le rôle et le sort de chacun. SIMON nous parle de sa famille, de celle de son père.
Une écriture dense de la profondeur de l'être. La souffrance intérieure de l'être aux prises avec un secret de famille accusateur. Le personnage principal SIMON nous parle beaucoup de son père, de sa mère, de ses frères et de sa sœur BÉATRICE, de leur changement personnel, de leur personnalité propre.
SIMON est à la recherche de ses origines pour mieux se comprendre. SIMON est une personne qui se compare et se dénigre parfois. Il a une faible image de lui-même. SIMON vit sans cesse des angoisses dues aux images des viols de sa sœur par sa son père et de l'instabilité de sa mère. Il n'a pas de relation amoureuse stable car il est sans cesse déstabilisé émotivement.
Une écriture qui frappe dont on se reste pas insensible. Une écriture lumineuse de sincérité, d'authenticité.
Père abuseur, mère folle tel est le menu composant cette famille ébranlée par la vie.
L'inceste est un drame psychologique, un crime parfait.
Un premier roman impressionnant.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Son père : si tu parles, je te tue de mes mains. »
« Pardonner, ce n'est pas blanchir. »
« L'inceste, c'est un crime parfait enfermé dans une chambre d'une maison anonyme. C'est le lieu du pouvoir absolu, celui qu'on ne peut pas exercer ailleurs. »
« BÉATRICE, 30 ans. Parler de l'inceste, c'est mourir. Je ne veux pas mourir et je veux le dire. »
« SIMON. BERLIN est le nom de son chien.
J'écris in livre pour y cacher mes pensées. Ma sœur est comme un astre noir, j'essaie de le regarder mais je n'y vois que de l'obscurité. »
/J'ai un boulot correctement payé à l'université comme professionnel de recherche. »
« L'Algérie est tout ce que nous connaissons. »
« MÈRE...elle ne me prenait pas dans es bras...non, mère quand elle s'approchait de moi avait deux bâtons collés au corps. »
« ...comme mère remportait la palme de l'anxiété. »
« Père est un homme qui avait peu investi dans ses relations avec ses fils. »
« Testament de père. »Je ne veux pas que tout revienne à cette femme-là. »
/J'avais besoin de m'évader en forêt , une maladie me plongeait dans le désarroi. »
/Le chien... il devient le plus subtil observateur de vos émotions et sait comment s'accorder à un jour heureux où à une nuit affreuse..tout e que le moto présence veut dire. »
« Tous les religieux ne sont pas pédophiles, on les met tous dans le même sac. »
« C'est ainsi qu'à 26 ans, père quitte la vie religieuse. »
« Le pensionnat m'a sauvé de l'hystérie et de la sévérité de la maison familiale, mais il ne m'a jamais procuré une telle sensation. »
« ...et voilà, mère se dresse comme la bonne âme qui s'inquiète pour sa fille. »
/Il me faut une rencontre sinon je vais mourir. »
« Les liens familiaux ne sont pas des liens absolus comme on veut tant nous le faire croire. »
« SIMON. BÉATRICE. Elle se laissait faire sinon c'était moi. »
« PÈRE. Il était nu. Il était déjà en érection et se jetait sur moi. Il se frottait sur moi. »
« Une fille violée toute son enfance, tu imagines qu'elle peut avoir une vie normale? »
« BÉATRICE. L'odeur de mère est écoeurante. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
Résumé :
« Simon ne vit que pour le temps qu’il consacre à l’écriture et au vélo. À la mort de son chien, ses repères s’effritent, et lentement remonte à la surface le souvenir de Béatrice, sa sœur depuis longtemps disparue et dont il était autrefois si proche. Convaincu qu’elle se trouve encore quelque part, il décide de retrouver sa trace et de refermer le cercle d’injustice créé autour d’elle. Il trompe l’ennui d’un été caniculaire en reconstituant le vénéneux récit familial à travers ses souvenirs et l’évocation de son enfance vécue en Algérie. Mais il se lance aussi dans une quête plus profonde, celle de l’identité qu’un fils construit à partir d’un père qu’il ne connaît pas.
De choses tues en révélations, de personnages brisés en êtres dédiés à la vie, Le cœur de Berlin brosse dans un style intimiste et émouvant un portrait cru du mal parfois fait aux siens, du désir d’exister et des conséquences du mensonge. » LES ÉDITEURS
UN LECTEUR :
« Je sors -presque à l'instant- de cette lecture bouleversée.
Elie Maure nous livre une histoire poignante, qu'elle construit et exprime de manière à ce qu'elle nous percute et nous investisse avec force.
Simon, le narrateur, âgé de la cinquantaine, mène sa vie comme un adolescent attardé et incapable d'attachement. Chercheur à l'université de Montréal, il est célibataire et sans enfants. Passionné de vélo, il ponctue son temps libre de longues balades forestières, et de ses tentatives pour coucher sur le papier les réminiscences d'une enfance qui, depuis quelque temps, le taraudent. Il le fait de manière décousue, mêlant souvenirs et présent. Les épisodes du passé sont entrecoupés de l'expression de la peine immense qu'a suscité la mort, récente, de son chien Berlin. Sous son ton mélancolique, égrenant l'absence d'événements de son existence morne, perce l'expression d'une détresse sourde, diffuse, sans doute d'autant plus douloureuse qu'il ne parvient à en cibler l'origine précise.
Cette ignorance qui lui pèse, et l'empêche de se structurer, l'amène à entamer une enquête familiale, dans le but plus ou moins conscient de traquer d'anciennes fêlures dont il a jusqu'alors occulté le souvenir. Cette enquête tourne d'abord autour de son père, homme au tempérament dominateur et aventureux, dont les accès de violence avaient instauré une distance craintive entre ses fils -Simon a deux frères- et lui. Il se focalise ensuite sur la recherche de sa soeur Béatrice, dont il a été très proche, avant que son départ au pensionnant à l'âge de douze ans, le coupe de sa famille, qu'il ne reverra que de manière sporadique. La dernière fois qu'il a vu Béatrice, c'était à l'enterrement de leur père, qu'elle avait loyalement accompagné dans sa longue agonie. le père et la fille avaient toujours entretenu une relation privilégiée...
Le témoignage de Simon laisse deviner les manquements de cette famille dysfonctionnelle, portée par des parents qui, malgré des caractères divergents -la mère affichait l'aigreur et la hargne d'une dépression permanente- avaient comme point commun de traîner le lourd bagage de traumatismes enfantins, évoqués à demi-mots au détour d'une allusion... les liens du narrateur avec ses frères sont eux-mêmes distendus, et il a coupé les ponts avec sa mère.
Ayant fait savoir à sa soeur, par l'intermédiaire d'une amie commune, qu'il aimerait la revoir, Béatrice lui répond par des lettres, dans lesquelles elle aussi revient sur leur passé. Elle y évoque notamment leurs années d'enfance en Algérie, où le père avait demandé à enseigner, leur triste retour dans un Québec froid et grisâtre, la détresse de son adolescence solitaire, révélant la face obscure de ces souvenirs, qu'elle entache d'une vérité crue et déchirante.
L'auteur oppose ainsi le début du récit où Simon, envahi d'une sorte de passivité angoissée, d'incapacité à vivre, tourne autour d'un mal sur lequel il ne parvient pas à mettre le doigt, à l'intensité violemment perturbante d'une seconde partie que le lecteur reçoit comme une claque magistrale en pleine face. Elie Maure y exprime avec une éloquence à peine supportable une souffrance intime, destructrice, met en exergue les sentiments dévastateurs et contradictoires que génèrent les relations toxiques entre membres d'une même famille.
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