CE N'EST PAS UNE FAÇON DE DIRE ADIEU, roman de Stéfani MEUNIER, 2007, 212 pages, Québec
22/11/2017 20:07 par livresentete
MEUNIER Stéfani
CE N'EST PAS UNE FAÇON DE DIRE ADIEU,roman, 2007, 212 pages, Québec
New York, 1970. Un roman, la vie de trois jeunes dans la vingtaine qui vivent leur vie de jeunes. Mais un jour la vie les amènent à faire une puis deux rencontres. Ainsi la vie continue, faite de rencontre, de plaisir, d'échange, d'amour, de projet, d'éclatement, de déception. Mais la vie continue. Que faire pour survivre à l'amitié, à l'amour? Chacun de nous le découvre d'une façon différente.
Une jeune auteure à découvrir pour la qualité de son écriture. C'est une découverte pour ma part d'une jeune auteure Québécoise de talent.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Il n'y a rien de pire que la solitude à deux, je crois bien, puisque l'absence du regard de l'autre est toujours là pour vous le rappeler. Vous êtes seul. » « RALF. Il m'a demandé pourquoi je n'y étais pas, moi, à cette foutue guerre. Je lui ai répondu que j'avais la chance de ne pas être citoyen de son foutu pays. » « RALF. Je n'avais pas d'ambition. Je m'en foutais, je voulais seulement que les choses soient simples. Et tranquilles. Je voulais lire...écouter toute la musique du monde. » « Peut-être qu'on s'invente des rêves pour ne pas mourir. » « Pourquoi la réalité n'est-elle jamais à la hauteur? » essayait de plaire, de cacher ses imperfections, on était influencé par le caractère de l'autre. Et on finissait par devenir autre. » « ...c'est à Saint-Malo que les choses ont commencé à changer entre Héloïse et moi. Comme une fissure dans une pierre. » « HÉLOÏSE... ee que ça faisait de vivre avec quelqu'un. On essayait de plaire, de cacher ses imperfections, on était influencé par le caractère de l'autre. Et on finissait par devenir autre. » « Parfois c'était de l'impatience qui émanait d'elle, une impatience presque méchante que rien ne semblait pouvoir apaiser. » « J'en avais plus qu'assez de leur petit bonheur pépère. Je me sentais mesquin et presque méchant. » « Mais pour HÉLOÏSE et moi, c'était le début d'une période de silence et d'immobilité. »
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Résumé :
New York, les années 1970. Une ville qui est encore le centre du monde, mais qui commence à douter d’elle-même. La guerre du Vietnam s’enlise, et si l’engouement pour le rock’n roll ne se dément pas, il vient maintenant d’Angleterre, où l’ombre des Beatles plane encore sur le monde de la musique. Sean est musicien. Pour le plaisir de faire de la musique, pour cette merveilleuse camaraderie de la scène, pour l’amour de cette vie d’errance entre Montréal, sa ville natale, et les innombrables bleds où il doit jouer.
Quand il revient à New York, il vit chez son ami Ralf, qui a un appartement à Brooklyn et un chien qui s’appelle Lennon. Les seules attaches qui donnent à Sean le sentiment d’être chez lui quelque part. Pendant que Sean est en tournée, Ralf fait la connaissance d’Héloïse. C’est le bonheur, tout de suite, un voyage en Bretagne, des soupers où se conjuguent amour et amitié. Et, tout à coup, le précaire équilibre ne tient plus.
Dans ce second roman, Stéfani Meunier se révèle plus que jamais une magicienne des atmosphères. En quelques traits aussi sûrs que retenus, elle sait donner un relief extraordinaire au quotidien de ses personnages. Un regard capté en passant, quelques accords de musique, les paroles d’une chanson aimée qui nous montent aux lèvres, et voilà que notre coeur chavire en même temps que celui des personnages.
Les éditeurs
Un lecteur :
Au nombre de citations que j'ai transcrites de ce livre, on peut voir que j'ai vraiment adoré. Ce n'est pas une façon de dire adieu est le genre de roman à travers lequel on peut voguer, en riant et en pleurant, mais aussi en s'assoyant confortablement et en acceptant les effluves de mots et de sons qui en ressortent. [...]
C'était de la vraie jeunesse. Pas de la jeunesse blasée ou apeurée comme on en voit aujourd'hui, de plus en plus, même qu'on ne voit que ça. C'était de la jeunesse qui y croyait, qui riait, qui s'amusait, qui ne se posait pas de questions. Dieux que c'était beau la jeunesse. C'est dommage qu'on ait réussi à l'éliminer pendant les années qui ont suivi.
LA CHALEUR DES MAMMIFÈRES, roman, 2017, 153 pages, Québec
Un roman à l'écriture moderne, spontanée, libre. Il dit ce qu'il pense, il pense ce qu'il dit. L'auteur décrit bien notre société et exprime bien ses idées sociales, religieuses et politiques. Il a le style d'écriture d'un sociologue, d'un observateur, d'un journaliste, d'un philosophe.
Un roman qui nous ressemble, qui nous dépeint en tant que société.Un livre qui nous porte à se repenser : nos priorités, nos bons coups, les coups réfléchis à venir.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« À cinquante-cinq ans, divorcé après vingt et un ans de mariage....j'allais probablement finir ma vie seul. C'était aussi bien ainsi. »
« Seulement 9% des mammifères et 30% des primates sont monogames. »
« Mais dans un couple, chaque compromis est un grain de sable. Au final, c'est le désert. »
« Les enfants transforment les amoureux en gestionnaires de PME. »
« Le tattoo était le révélateur le plus probant d'une génération narcissique, incapable d'envisager l'avenir et esclave des pulsions du présent. »
« Ils étaient insupportablement jeunes et beaux. Le temps lézarde tout. L'amour aussi vieillit. Rien ne résiste au passage du temps. Pas même l'amour. »
La polygamie aurait pu être une solution. »
« Mais c'est ps la réalité qui compte, c'est la perception de la réalité. »
CONFICIUS. »Exige beaucoup de toi-même et attends rien des autres. »
Vicky, sa femme. « Elle avait la vitalité des mammifères et moi j'étais un reptile à sang froid. »
« La vérité est comme le soleil : on ne peut pas la regarder en face sans se brûler les yeux. »
« Trois choses importantes dans ma vie : faire l'amour, lire, réfléchir. »
« En économie, la question n'est jamais ça coûte, mais est-ce que ça le vaut. »
« Je n'avais pas la capacité de m'adapter. J'allais devoir laisser la place aux petits mammifères. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« René McKay, cinquante-cinq ans, est prof de littérature à l’université. Fraîchement divorcé de sa femme, Vicky, il a peu de contact avec son fils de vingt ans, Mathieu. Renfrogné, désillusionné, il s’est au long des années isolé du monde. Il ne vit pas, il végète, se contentant de répéter à des étudiants distraits des vérités d’un autre âge, des concepts qui n’allument plus personne.
Un malheureux séjour en Suède pour prononcer une conférence inepte devant une poignée de blasés est la goutte qui fait déborder le vase. Plus rien de tout ça ne vaut la peine. Fini, l’amour, le sexe ; fini, les illusions, les rêves, les espoirs, l’enthousiasme. Cependant, à son retour, une grève étudiante bat son plein. Et tout est à nouveau possible.
Dressant un portrait à l’acide du milieu universitaire, Biz n’épargne ni les profs ni les étudiants. Mais il célèbre l’union, la harde, la horde, c’est-à-dire le peuple en mouvement quand il n’agit pas en troupeau. »
https://www.babelio.com/livres/Frechette-La-chaleur-des-mammiferes
Interpellé par l’importance de la littérature et l’effervescence des grandes manifs étudiantes, Biz propose cet automne un nouveau roman, La chaleur des mammifères, dans lequel il entre dans la peau d’un professeur d’université désabusé qui retrouve la flamme grâce à l’énergie des étudiants.
Fraîchement divorcé, René McKay, un professeur de littérature à l’université, a peu de contact avec son fils de 20 ans. Désillusionné, de mauvaise humeur, il s’isole du monde. Le sentiment d’avoir gaspillé sa vie est à son comble lorsqu’il présente une conférence en Suède devant un public blasé. Lorsqu’il rentre chez lui, une grève étudiante bouleverse la communauté... et lui insuffle à nouveau de l’énergie créative.
Biz, un écrivain redoutable, précis, inspiré, dépeint avec humour et cynisme le parcours de ce professeur désabusé, caricaturant au passage les étudiants et les professeurs des institutions d’enseignement supérieur.http://www.journaldequebec.com
Dans son nouveau roman, Biz démontre qu'il n'y a qu'une façon de ne pas devenir un vieux fossile: croire en la jeunesse. C'est ainsi que René, professeur de littérature désabusé, admirateur de Houellebecq, sera transformé par les événements de 2012.
IAKHINA Gouzel
ZOULEIKHA OUVRE LES YEUX, 2017, 454 pages,
L'aventure de ZOULEIKHA se passe en 1930 au TATARSTAN, en RUSSIE. Elle est d'origine Tatar et parle à peine le Russe qui est langue du dominant à l'époque de STALINE.
On entre de plein pied dans une autre époque, une autre culture, un autre monde. Nous allons revivre l'évolution d'une société naissante, la SIBÉRIE, L'HISTOIRE ANCIENNE DE LA SIBÉRIE SOVIÉTIQUE NORDIQUE.
SIMROUK, dans la taïga, est une colonie de travail pour les indésirables au régime soviétique.
Dès le début du roman nous adoptons le personnage effacé de Zouleikha qui est soumise à son mari, à sa belle-mère, au mode de vie russe. Zouleikha est une survivante. Elle sert tout le monde mais elle apprend à tout faire, la survie fait partie de sa vie en tant que personne effacée. Elle obéit aux règles.
Un grand roman, un auteur à découvrir pour son écriture et le contenu de ce roman.
« Un roman qui va droit au cœur. »
« Une grande langue russe, accueillante aux misères de l'homme et faisant germer son espoir... »
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« ZOULEIKHA ouvre les yeux . Il fait noir comme au fond de la cave à provisions. Derrière le rideau fin, les oies soupirent dans leur sommeil. »
« La Goule, la vieille mère de cent ans.Tu dors dans le traîneau, tu dors à la maison. Maman a raison : tu n'es qu'une paresseuse. Zouleikha se lève d'un bond. »
« Les habits de la Goule, posés soigneusement dans un ordre très strict, prennent tout le banc—d'un et mur à l'autre. »
« La GOULE. Si quelqu'un s'était permis ça avec moi, je l'aurais tué. À Zouleikha. Toi tu ne vis pas. C'est pour ça que je n'ai pas pitié de toi. »
« Quand elle accomplit le devoir conjugal, Zouleikha se compare à une baratte. »
« Du régime d'escorte des anciens Koulaks, criminels et autres éléments antisoviétiques vers la Sibérie...et vous citoyens du passé, dans une nouvelle vie. »
« .. une vie difficile, pleine de privations et d'épreuves, mais aussi de travail honnête pour le bien de notre patrie bien-aimée. Vous partez pour vous libérer du carcan de l'ancien monde. »
« En trois mois, les pertes se montent à plus de cinquante personnes.Ils seraient arrivés plus vite à pied.
En six mois de voyage seulement, les pertes s'élèvent à 398 unités. Sans compter les évadés, bien entendu. »
« ZOULEIKHA . De manière générale, elle était fatiguée de vivre. »
« ...les parasites sont des ulcères dans le groupe social. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Nous sommes au Tatarstan, au cœur de la Russie, dans les années 30. A quinze ans, Zouleikha a été mariée à un homme bien plus âgé qu'elle. Ils ont eu quatre filles mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n'est bonne qu'à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la dékoulakisation menée par Staline, le mari se fait assassiner et sa famille est expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu'elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin, elle découvre qu'elle est enceinte. Avec ses compagnons d'exil, paysans et intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à l'établissement d'une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c'est là qu'elle donnera naissance à son fils et trouvera l'amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmans l'empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie. » LES ÉDITEURS
Un lecteur :
« Nous sommes au Tatarstan, en 1930, dans un bled, où une jeune femme mariée,est domestique et bête de somme au service d'un mari beaucoup plus âgé......et de la belle-mère. Dés les premières pages on tombe sous le charme de Zoulheikha, Yeux verts, ce petit bout de femme soumise sans aucun autre choix, peu éduquée mais si sensible, si délicate, qui mise à part sa religion musulmane est profondément attachée aux croyances païennes héritées de sa mère.("Ce n'est pas facile de contenter un esprit.....L'esprit de l'étable aime le pain et les biscuits, l'esprit du portail, la coquille d'oeuf écrasée. L'esprit de la lisière, lui, aime les douceurs. Zouleikha tient cela de sa mère."). de minutieuses descriptions de la préparation de la bania ( le bain dont la salle est en dehors de l'isba ), de la belle-mère qu'on prépare au bain et du rituel de bain achèvent le charme de cette introduction à un livre qui nous promet une aventure longue et douloureuse, suite à un rêve prémonitoire, dans une Russie en pleine ébullition, où sévit la dékoulakisation ( terrible !) menée par Staline.
Qui est qui ? Aujourd'hui bourreau, demain victime (président de soviet finit sa vie en exilé / il peignait des affiches révolutionnaires, et il se retrouve en Sibérie...), ou le contraire (!), un système sans lois, sans repères, à la merci d'un seul homme qui s'appuie sur des dogmes incohérents, une idéologie factice. Passage d'un état d'injustice à un autre encore pire....qui va entraîner la misère et la mort de milliers de personnes.
Un texte trés fort, superbement écrit et traduit, et comme le dit l'écrivaine Lioudmila Oulitskaïa, " qui nous va droit au coeur". Elle nous fait sentir la nature, le froid, le silence, la désolation, la honte, la misère, le désire, l'amour ( qu'elle dénomme "le miel", magnifique !)........au tréfonds de notre être. La richesse des images ( l'écrivaine a fait une école de cinéma ), des descriptions et la poésie et la beauté qui s'en dégagent renforcent la puissance du texte tout en adoucissant le côté dramatique des événements.
Encore une fois vous serez révolté par la misère, l'injustice, la violence et la tyrannie qu'exercent les hommes sur leurs semblables dés que l'occasion s'y présente, utilisant n'importe quelle faux alibis; et aussi émerveillé par tout ce que l'homme est capable de faire dans les pires situations de dénuement et de désespoir. Mais ce livre est avant tout une magnifique histoire, celle d'un personnage unique, inspiré de la grand-mère de l'écrivaine, "une poule mouillée" qui deviendra une femme forte au contrôle de son destin, destin d'une miraculée dans les tréfonds de la taïga.
J'ai adoré Zouleikha, et son histoire de femme, "élément antisoviétique", au sein de la terrible Histoire de la Russie de Staline ( " le sage homme moustachue" de la photo ) m'a bouleversée.
Définitivement un coup de coeur ! »
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".........Zouleikha ouvre les yeux. Dans la brume rosée de l'aube.....une grande mouette à la poitrine blanche, posée sur le bastingage, la regarde fixement de ses yeux brillants aux reflets d'ambre."
CHALANDON Sorj
LE JOUR D'AVANT, roman, 2017, 325 pages, ****
Un roman impressionnant autant par le style d'écriture de l'auteur que par l'intrigue du roman, un drame qui se passe dans une mine de charbon, donc à la mémoire des 42 mineurs morts à la fosse Saint-André de Liévin-Lens, le 27 décembre 1974.
Un roman d'une écriture inattendue, déconcertante pour un accident dramatique historique, grâce à la maîtrise de l'écriture brillante de l'auteur.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
« JOSEPH, mon frère a crié : --C'est comme ça la vie! Jamais je n'avais été aussi fier. »
« J'avais serré la main de mon frère dans l'obscurité. Je me souviens.Ces cris du coeur ressemblaient à mes terreurs de nuit. »
« Et comme tous les gars d'ici, la mine a fini par le dévorer. »
« LE PEUPLE DU FOND DE LA TERRE. »
« Elle se gavait d'hommes, la mine. Elle avait faim de nous. »
« Sa mère. Michel S'il te plaît, ne fais jamais d'enfant. C'est trop de souffrance. »
Son frère JOSEPH, JOJO, décédé. Son lever à 4h30, il a repris. Partir dans la nuit, descendre dans des cages en fer comme un troupeau d'animaux, creuser la roche des heureux, couché dans un boyau, les bras levés, les oreilles brisées, sans masque, sans lunettes, sans aucune protection, sans rien qui fait la dignité de l'homme. »
« Tu veux savoir la vérité?--Il a été assassiné, ton frère! Il est mort dans la mine à cause du grisou. Ça n'existe pas la fatalité. Les patrons appellent ça le profit. LE CULTE DU RENDEMENT. Même le ventilation était défectueuse. Les victimes étaient mortes asphyxiées. »
« Oui , la fosse 3 bis était dangereuse. 42 mineurs envoyés à la mort.La compagnie des mines de Lens. pour les 42 mors a payé 10 000 francs.Une ligne dans un bilan comptable. »
« SI ON FAIT TROP DE SÉCURITÉ, ON NE FAIT PAS DE RENDEMENT. »
« Les hommes ne savent plus que faire pousser des briques. » Quarante ans à attendre que la peur change de camp. Et la détresse, la tristesse, la misère, le deuil. »
« Il peut admettre les circonstances de la mort de son frère et être persuadé que la mine en est la cause. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Venge-nous de la mine », avait écrit mon père. Ses derniers mots. Et je le lui ai promis, poings levés au ciel après sa disparition brutale. J’allais venger mon frère, mort en ouvrier. Venger mon père, parti en paysan. Venger ma mère, esseulée à jamais. J’allais punir les Houillères, et tous ces salauds qui n’avaient jamais payé pour leurs crimes. Les éditeurs
Une lectrice :
« Jusqu'où peut-on s'arranger avec la vérité ?
Jusqu'où peut-on vivre dans la culpabilité ? Ce sont les deux interrogations qu'il me reste après la lecture de ce foudroyant roman de Sorj Chalandon qui démontre, une fois encore, comment mêler réalité et fiction pour asseoir son humanité et sa sensibilité. C'est tellement plus qu'un coup de coeur !
Jojo Flavent et son petit frère Michel s'entendent comme larrons en foire. Jojo rêve de devenir pilote de course comme son idole Steve McQueen dans le film « le Mans ».
Il sera mineur. Métier éprouvant, dangereux, où l'on ne retrouve jamais vraiment la couleur de sa peau tant la poussière de charbon s'incruste dans les pores, dans les yeux, sous les ongles. La mort rôde souvent, la silicose toujours.
Le 27 décembre 1974, à la fosse Saint-Amé de Liévin-Lens (Nord-Pas-de-Calais) un coup de grisou tue 42 mineurs et laisse des familles dévastées par le chagrin et la colère. Les veuves doivent rembourser au patron le prix des vêtements et des godillots détruits par l'incendie ! « Un jour un madrier s'écroule. le lendemain un bloc se détache. Une galerie s'affaisse. Un wagonnet s'emballe. Un câble cède. Une lampe explose. Ce ne sont pas des catastrophes, seulement des accidents dont on ne parle pas. C'est lorsque la mine les tue qu'on se souvient qu'il y avait des mineurs ».
40 ans plus tard, Michel Flavent n'a pas oublié. Il tente de combattre le mépris des autres, jusqu'à l'obsession. Depuis la catastrophe, il achète sur les brocantes ou sur Internet des habits de mineur, un casque en cuir bouilli, une lampe, garde le savon et le miroir de Jojo, découpe tous les articles de presse, les photos, les documents de commémoration. Tout et ses pensées sont contenus dans des carnets qu'il stocke dans un garage qui devient le mausolée de son frère, un lieu de secret et de respect. La perte du frère, le suicide de désespoir du père, le chagrin mortel de la mère.
Devenu chauffeur routier, il sillonne l'Europe aux commandes d'un poids lourd bâché d'une immense photo de Steve McQueen. A la mort de son épouse, il décide de quitter Paris et de retourner dans les corons. Il veut se venger, comme son père le lui a demandé. Mais comment retrouver le responsable du drame ? Les houillères sont fermées depuis longtemps, beaucoup d'anciens sont morts. Reste un café où, peut-être…
Le talent de Sorj Chalandon, toujours inspiré par du vécu, passe par la sidération tant les soubresauts sont inattendus, palpitants, dignes d'un excellent scénario de film dont le Steve McQueen d'emprunt tient la vedette. Ne manquez pas de découvrir le réquisitoire terrible de l'avocat général et la plaidoirie sobre et poignante de la défense. Car, un nouveau drame se joue tout aussi humain et bouleversant.
La catastrophe de Liévin-Lens de 1974 m'a immanquablement fait penser au drame du Bois du Cazier à Marcinelle (Belgique) en août 1956. 262 morts de douze nationalités dont une grande majorité d'Italiens. Je me souviens que des collectes étaient faites dans nos écoles et que nos institutrices nous avaient invitées à faire des élocutions sur la mine. Souvenir ravivé de ce désastre humain.
Ce livre est un magnifique hommage à cette région du bassin minier, désormais désaffecté depuis la fin du XXe siècle, mais dont l'intérêt patrimonial et historique a été reconnu par l'Unesco au début de ce XXIe siècle.
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MORENCY Pierre
À L'HEURE DU LOUP, carnet, Boréal, 2002, 227 pages
Parfois récit, parfois poème ce livre d'une écriture touchante, pénétrante par ses mots, ses images, ses états d'âme qui se propagent directement à nos sens, éveille notre sensibilité face à la nature.
Lors d'expéditions dans le Grand Nord, en randonnée, ce livre se veut un carnet de réflexions spontanées qui analyse et répond à la fois à des questions d'ordre existentielle parfois avec des mots inventés, des mots qui cherchent leur affinité, un sens à leur existence.
Un livre qui porte à réfléchir, à donner une sens à la vie, à la beauté de la nature peu importe l'endroit où nous sommes. Un carnet qui nous fait découvrir les beautés naturelles du Nord du Québec.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« TROM est un homme qui essaie de réfléchir au sens de la vie. Il va vers une conscience de sa place dans le monde. TROM est devenu avec les années—surtout depuis qu'il est entré dans l'heure du loup--animé d'un fort quant-à soi à l'égard des faciles amitiés.Il évalue les êtres, jauge leur degré de maturité, se demande s'ils possèdent un équilibre entre ferveur et jugement, entre fraîcheur et audace, bonté et assurance.»
« Se connaître soi-même et par là s'approcher des autres, n'est-ce pas le seul paradis? »
« Le monde ne se révèle bien qu'à ceux qui savent revivifier leurs sens, qu'à ceux qui ont appris à renaître toujours neufs, en chaque moment de la vie éveillée. »
« Toujours je serai ce qui unit, ce qui monte et qui accueille. »
Pour en savoir davantage :
CE QU'EN DIT LE LIBRAIRE :
« Dans À l’heure du loup, Pierre Morency met en scène toute une galerie de personnages. Le poète Lauréat Pick, le biologiste Scotteen, le cinéaste Duve, et surtout un homme qui porte le nom sonore et étonnant de Trom.
Trom, où s’inscrit, à rebours, la destination ultime de chacune de nos existences. Trom observe, écoute, dessine, voyage. Il parle de l’éblouissement toujours renouvelé que provoque l’apparition d’un oiseau, de la lumière de la terre de Baffin, de la sensation sous le pied de l’argile qui n’a jamais été foulée. Ce qui distingue la parole de Trom, c’est l’art de cerner à l’aide des mots les plus simples ce qui fait l’essence même de notre vie. »
DELFE Gérard
LE DIEU COYOTE, RÉCITS INDIENS D'AMÉRIQUE DU NORD, 1979, 191 pages, ****
Récits d'histoires,de contes, de belles légendes parfois amusantes particulièrement celle de TZAPAT et son apparition de la femme: ainsi est née la femme, d'une coquille et du sable chaud.
Un récit qui nous révèle un personnage, un animal, un homme, un dieu qui nous porte à la réflexion: l'Indien, aujourd'hui, essaie de retrouver son âme. Il lui appartient de le faire.
"Coyote se présente également comme un être lubrique et il y a en lui un petit parfum de satyre: ce chacal sent le bouc! Mais c'est l'animal d'avant le christianisme dont le priapisme est naturel! Coyote est BOUFFON, si l'on y tient mais bouffon sacré, capable d'exercer certains pouvoirs magiques, d'être homme ou animal sans solution de continuité, ce qui témoigne de sa valeur exemplaire.
De rusé, il devient trompeur, alors que ce trompeur n'est pas nécessairement malfaisant.
" LE MOT A UN POUVOIR EN SOI.IL AGIT SUR LE MONDE DIRECTEMENT."
"Du même coup, le récit indien a tendance à ne pas conclure.Le personnage de coyote existe encore...son rire dévastateur montre son pouvoir, une vision de se critiquer elle-même, de reconnaître ses faiblesses. Cette dérision-là s'inscrit dans une recherche particulière de la sagesse, dans une vison du monde, pas encore soumise à notre temps historique.
Notre monde qui cherche, également, à détruire l'INDIEN en nous."
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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POUR EN SAVOIR DAVANTAGE:
"Le Dieu Coyote. Dans les années 70. un Français qui n’est même pas ethnologue séjourne dans une réserve indienne du Wyoming et s’initie, auprès de ce qu’il reste de vieux sages parmi cette communauté massacrée par le ’ progrès ’, à l’art du conte. Comme il ne veut pas se poser en savant mobilisé par sa seule collecte, il propose à ses interlocuteurs de leur raconter, le soir autour du feu, une histoire de chez lui : le Roman de Renart. Et tous alentour de s’émerveiller en constatant l’incroyable parenté d’esprit qui unit le rusé goupil de la fable et le coyote ricanant des hautes prairies dont les aventures, depuis les temps immémoriaux, apprennent aux hommes l’art de jouer de bons tours à plus fort qu’eux - et de rire sous le ciel des infortunes que nul n’élude.
Coyote, comme Renart, constate Gérard Delfe, enseigne aux opprimés à répliquer à la violence par la ruse : cette flèche qui, adroitement décochée, vous permet de mettre votre ennemi par terre sans avoir à faire couler le sang... et en gardant les rieurs de votre côté. ’ Revenu en France, il transcrira (et publiera en 1979) les récits qu’il avait reçus de ses amis Sioux Lakota ; mais à sa façon : c’est-à-dire en tâchant de rendre à chaque conteur sa voix propre. Soit un livre qui, tout en caressant amoureusement l’ethnographie, s’inscrit résolument dans la littérature. Les aficionados du monde indien d’Amérique du Nord. qui déploraient qu’un texte de cette singularité soit resté si longtemps absent des librairies, tranchent sans barguigner : un classique.,..récits Indiens d'Amérique du Nord, 1979, 191 pages, ****
http://www.editionsphebus.fr/le-dieu-coyote-gerard-delfe
THOREAU Henry David
WALDEN OU LA VIE DANS LES BOIS, récit, 1854-1967, 539 pages
L'auteur nous fait un récit détaillé des deux années qu'il a passé volontairement en forêt à titre d'expérience et d'enrichissement personnel de ses connaissances de la nature. Pour THOREAU l'élément le plus important pour l'homme est la pensée, la réflexion.À l'aide de ses connaissances et de la pensée il réussit à survivre en se construisant une petite maison, une cheminée, à jardiner, à cueillir les plantes de la forêt, à identifier les plantes, les insectes, tous les animaux de son environnement.
L'auteur explique en multiples détails tout ce qu'il lui faut, découvre, entreprend, cultive, mange, récolte à l'état sauvage.voit comme animal, plante et phénomène naturel.Il est philosophe, un TRANSCENDENTALISTE, un botaniste,biologiste, un ouvrier, un pêcheur, un cultivateur.
Un homme qui suffit à tous ses besoins : de la construction de sa maison à sa nourriture quotidienne.
C'est un homme autonome d'une culture élargie, universitaire.
Son écriture est précise, moderne, scientifique pour les identifications des éléments naturels de la forêt.
THOREAU est un observateur acharné, déterminé, constant qui découvre la vie de la nature en tant que biologiste et géologue. Un homme exceptionnel surtout pour son époque. Ce livre a été écrit en 1854, ce qui est phénoménal.
« Comme ils sont aveugles, ceux qui ignorent la sérénité. Un vrai ami de l'homme, presque le seul ami du progrès humain. »
« Il lui fallait coûte que coûte rester libre » »La rébellion de THOREAU signifiait solitude et liberté. »
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
Résumé :
En plein XIXe siècle, dans le pays qui est en passe de devenir le plus industrialisé du monde, l'écrivain Henry David Thoreau tourne le dos à la civilisation et s'installe seul, dans les bois, à un mille de tout voisinage, dans une cabane qu'il a construite lui-même, au bord de l'étang de Walden, Massachusetts. Il ne doit plus sa vie qu'au travail de ses mains. C'est là qu'il commence à écrire Walden, grand classique de la littérature américaine, hymne épicurien, souvent loufoque, à la nature, aux saisons, aux plantes et aux bêtes, toutes choses et tous êtres qui ne sont, selon les propres dires de Thoreau, que « l'envers de ce qui est au-dedans de nous ».
Un lecteur :
En 1845, Henry David Thoreau prit la décision d'abandonner non seulement la plupart de ses biens matériels, mais aussi toutes ses certitudes et assurances morales pour se retirer dans les bois autour de l'étang de Walden. Il rêve de construire une habitation qui soit comme le wigwam des indiens : un édifice rapidement construit et aussitôt démontable, qui s'adapte à une existence de semi-nomadisme ne dépendant que de la volonté de ses habitants ; un édifice empruntant tout ce qu'il peut aux offrandes de la nature et de la sympathie humaine et dépendant le moins possible de ces facilités modernes qui épargnent du temps et du savoir en requérant de l'argent, et donc du travail.
Henry David Thoreau renverse la conception d'émancipation généralement liée au travail : et s'il était la cause de la pauvreté ? Lorsqu'il professait à l'université, Henry David Thoreau avait dû se contraindre à investir dans une présentation de soi soignée, à prendre régulièrement un transport pour se rendre sur son lieu de travail ou, s'il cheminait à pieds, et de toute façon en s'éreintant à l'enseignement, à dépenser son énergie vitale. le coût cumulé de la tenue, des bains, des transports ou de la nourriture nécessaires en plus grande quantité était-il vraiment moindre que le salaire octroyé en conséquent ? S'il l'était, la différence ne semblait toutefois pas assez significative pour compenser la perte de temps et de liberté dévorés par le travail. Ce qu'il a compris, Henry David Thoreau essayera de l'expliquer au paysan Baker, un de ses proches voisins :
« Je tentai de l'aider de mon expérience, lui disant qu'il était l'un de mes plus proches voisins, et que moi aussi qui venais ici pêcher et avais l'air d'un fainéant, gagnais ma vie tout comme lui ; que j'habitais une maison bien close, claire et propre, qui coûtait à peine plus que le loyer annuel auquel revient d'ordinaire une ruine comme la sienne ; et comment, s'il le voulait, il pourrait en un mois ou deux se bâtir un palais à lui ; que je ne consommais thé, café, beurre, lait, ni viande fraîche, et qu'ainsi je n'avais pas à travailler pour me les procurer ; d'un autre côté, que ne travaillant pas dur, je n'avais pas à manger dur, et qu'il ne m'en coûtait qu'une bagatelle pour me nourrir ; mais que lui, commençant par le thé, le café, le beurre, le lait et le boeuf, il avait à travailler dur pour les payer, et que lorsqu'il avait travaillé dur, il avait encore à manger dur pour réparer la dépense de son système ; qu'ainsi c'était bonnet blanc, blanc bonnet — ou, pour mieux dire, pas bonnet blanc, blanc bonnet du tout — attendu qu'il était de mauvaise humeur, et que par-dessus le marché il gaspillait sa vie […]. »
Henry David Thoreau pose les bases d'un nouveau système de valeurs : l'argent représente non pas de nouvelles potentialités de vie, mais le coût de la vie requise en échange du temps perdu pour l'acquérir. Cette conception draine un rejet de la communauté en amont et en aval. Refuser de travailler, c'est refuser de croire aux valeurs en vigueur, qu'il s'agisse de celles de nos ancêtres comme de celles de nos contemporains.
« Nulle façon de penser ou d'agir, si ancienne soit-elle, ne saurait être acceptée sans preuve. Ce que chacun répète en écho ou passe sous silence comme vrai aujourd'hui, peut demain se révéler mensonge, simple fumée de l'opinion, que d'aucuns avaient prise pour le nuage appelé à répandre sur les champs une pluie fertilisante. Ce que les vieilles gens disent que vous ne pouvez faire, vous vous apercevez, en l'essayant, que vous le pouvez fort bien. Aux vieilles gens les vieux gestes, aux nouveaux venus les gestes nouveaux. Les vieilles gens ne savaient peut-être pas suffisamment, jadis, aller chercher du combustible pour faire marcher le feu ; les nouveaux venus mettent un peu de bois sec sous un pot, et les voilà emportés autour du globe avec la vitesse des oiseaux, de façon à tuer les vieilles gens, comme on dit. »
Quiconque voudrait essayer de vivre sans aucune source de revenu se rendrait en même temps indépendant de ce mimétisme qui veut nous faire croire qu'un homme ne peut pas se suffire à lui-même. Mais ce n'est pas encore le plus outrageant. En refusant de se mettre à contribution de la communauté par le travail, l'individu autosuffisant menace les constitutions mêmes de la société et rejette ce que Rousseau appelle le « contrat social ». Cette attitude éminemment égoïste stipule que le don de son âme et de son temps ne vaut pas la considération de la communauté, qui n'est qu'un résidu mal organisé de préjugés, d'illusions et de craintes. On ne gagne rien à se donner pour cet amas de poules picoreuses alors que la vie attend, à proximité, recouverte par les bois étranges.
Dans le dénuement ascétique qu'il recherche, Henry David Thoreau se dépouille de tous les costumes trop lourds nécessaires à la vie en société. Il faut être fou pour piétiner ces vestiges de l'humanité –il faut être fou ou il faut avoir été profondément déçu par ses récompenses puériles. La démarche est celle d'un mystique qui fonctionne à l'énergie de l'espoir, habitant des lieux physiques ou spirituels qui continuent à creuser en lui le manque jusqu'à ce qu'il trouve le lieu de son bien-être absolu. Pour cela, il faut se détacher de la vie profane qui se traîne sur les routes pouilleuses de la civilisation. Qu'est-ce que la culture, sinon un sucre lancé en pitance à un pauvre chien affamé pour satisfaire provisoirement son besoin de vivre ? Quelques hommes ont peut-être su mener une existence à la hauteur de ce qu'ils méritaient, et ceux-ci ont transmis leur expérience authentique aux générations suivantes par le biais de leurs écrits, mais l'erreur consiste à nous faire croire que nous pouvons nous contenter de l'expérience abstraite de ces récits. Il nous faudrait plutôt les vivre à nouveau ! et les transcender ensuite, en leur conférant le grain de sel supplémentaire de notre âme. le rejet de la facticité engendrée par la vie en société nécessite peut-être de connaître une solitude accrue mais elle permet de saisir pratiquement le sentiment cosmique de son appartenance à l'univers. La vie peut alors et seulement exploser.
« Ce qu'il me fallait, c'était vivre abondamment, sucer toute la moelle de la vie, vivre assez résolument, assez en Spartiate, pour mettre en déroute tout ce qui n'était pas la vie, couper un large andain et tondre ras, acculer la vie dans un coin, la réduire à sa plus simple expression, et, si elle se découvrait mesquine, eh bien, alors ! en tirer l'entière, authentique mesquinerie, puis divulguer sa mesquinerie au monde ; ou si elle était sublime, le savoir par expérience, et pouvoir en rendre un compte fidèle dans ma suivante excursion. »
Lorsqu'il avait fini de vaquer à ses quelques occupations quotidiennes –ramasser des haricots, se promener, parfois pêcher ou recevoir un ami-, Henry David Thoreau se plongeait dans des états de contemplation proches de la méditation. Riche de connaître l'interconnexion des choses, il peut observer toute chose dans l'immédiat et dans l'absolu et retrouver ici ce qui existe là-bas. Une vie devient la vie et si les autres savaient, ils n'auraient pas besoin de vivre avec leurs illusions de progrès, de luxe ou d'abondance.
« Je regardai par la fenêtre, et voyez ! où hier c'était la glace froide et grise, là s'étendait l'étang transparent, déjà calme et rempli d'espoir comme en un soir d'été, reflétant d'un soir d'été le ciel en son sein, quoiqu'il n'en fût pas de visible là-haut, comme s'il était d'intelligence avec quelque horizon lointain. J'entendis tout là-bas un merle, le premier que j'eusse entendu depuis des milliers d'années, me sembla-t-il, et dont je n'oublierai l'accent d'ici d'autres milliers d'années, — le même chant suave et puissant qu'au temps jadis. »
Henry David Thoreau a vécu deux ans, deux mois et deux jours dans les bois qui entourent Walden. Il semble n'avoir pas eu besoin de défaire son prototype de wigwam européen pour s'installer ailleurs dans les bois. L'expérience de contemplation semble lui avoir finalement permis de comprendre que le nomadisme est un mouvement similaire à celui qui happe ses contemporains en quête de progrès, et que l'homme spirituellement accompli ne trouve plus le besoin intrinsèque de se confronter à ce qui semble être l'étranger. Il peut éventuellement vouloir se déplacer, voir d'autres contrées, rencontrer d'autres personnes, mais s'il a vraiment compris le sens de l'unité, il ne le fera pas en réponse à un pressant besoin intérieur mais comme manière poétique d'éprouver l'harmonie du monde. Mais ceci, Henry David Thoreau le savait, tout le monde n'est pas prêt à vouloir le comprendre. Il faut alors retourner auprès de l'humanité et accomplir ce retour transcendé que le Zarathoustra de Nietzsche effectue lui aussi : "Ainsi parlait Zarathoustraet il quitta sa caverne, ardent et fort comme le soleil du matin qui surgit des sombres montagnes. »
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LIGHIERI Rebecca
publie aussi sous le nom d'Emmanuelle Bayamack-Tam
LES GARÇONS DE L'ÉTÉ, roman, 2017, 439 pages, ****
Un roman, la vie d'une famille de petits bourgeois de BIARRITZ , deux fils talentueux, sportifs et beaux, une fillette un peu à l'oubliette. Tout pour être heureux mais...parfois la vie nous rattrape et tout devient possible, changements imprévisibles, accidents de parcours, jalousie, regard mauvais.
Un roman d'une grande qualité d'écriture et une imagination sociale imprédictible. Une auteure de talent qui nous comble et nous fait réfléchir aux aléas de la vie moderne.
Un survol du monde aérien du surf, des meilleures vagues au monde, de la compétition entre sportifs spécialistes de la hauteur des vagues à dominer.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
« THADÉE. J'ai embrassé l'aube d'été. Mieux, je l'ai épousée, je n'ai fait qu'un avec elle, je n'ai fait qu'un avec le ciel virant du rose au bleu... »
« Je n'ai fait qu'un avec la houle, avec l'écume, avec l'eau qui clapotait autour de ma planche. »
« JÉRÔME.Il rentrait mon fils aîné.Six mois plutôt que prévu, il mettait fin à son année sabatique, ses douze mois de sea, sun and surf à la Réunion. »
« JÉRÔME. Père. MAUD, sa maîtresse. »Rien me me dégoûte avec elle par ce qu'elle m'entraîne dans on tourbillon, »
« L'adultère m'avait introduit dans un cercle vertueux de désir, de plaisir et de gratitude. »
« Avec l'amputation de mon fils aîné, quelque chose s'est déglingué. »
« ...c'est vrai que THAD a un surf très aérien et très spectaculaire. Ce qu'il aime par-dessus tout, c'est décoller de la vague, multiplier les manœuvres et les rotations. »
« THALDÉE. ZACHÉE,J'ai toujours su qu'il avait besoin de prendre toute la place et toute la lumière, qu'il était vital d'être reconnu comme le meilleur partout, »
« THALDÉE... ce frère déscolarisé, désocialisé, dispensé de suivre les règles auxquelles nos parents nous ont fermement assujettis toute notre vie durant : se doucher chaque jour, manger à heures fixes, employer utilement son temps. »
« ZACHÉE. Je n'ai pu m'épanouir dans les rapports de force. Les bons n'ont aucun mérite à être
vu que la bonté coule d'eux comme d'une source. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Forts de leurs études brillantes, de leur famille convenable et convenue, de leur beauté radieuse et de leur maîtrise du surf, Thadée et Zachée ont cru que l’été serait sans fin. Que la vie se passerait à chevaucher les vagues, entre jaillissements d’embruns et poudroiements de lumière. Mais en mutilant sauvagement Thadée un requin-bouledogue le prive de l’existence heureuse auquel il semblait voué : il est devenu un infirme. La bonne santé des uns, la sollicitude des autres le poussent à bout. Et le révèlent à lui-même jaloux, envieux et même : psychopathe. Ainsi va-t-il commencer par assassiner son frère Zachée dont il ne supporte plus les exploits de surfeur. La mort de Zachée, camouflée en accident, va être le coup de grâce pour cette famille conventionnelle que l’accident puis l’attitude de Thadée avaient passablement ébranlée et qui dès lors plonge dans la folie. Rébecca Lighieri, qui écrit aussi sous le nom d’Emmanuelle Bayamack-Tam, restitue avec une grande vraisemblance l’atmosphère du surf et des surfeurs. Mais à cette atmosphère elle ajoute la tension d’un thriller parfaitement mené, terrorisant à souhait et sanglant comme il faut. Elle prend un plaisir communicatif à s’acharner sur les mensonges, les conventions sociales, les simagrées qu’elle démonte avec une joyeuse cruauté à quoi s’ajoute une efficacité narrative et dramatique qui montrent que son talent se joue des genres et des registres. »
Une lectrice :
« Petit bonheur de lectrice : encore une belle découverte et ce thriller m' a offert un très bon moment de lecture .
L'auteur entraîne le lecteur sur les côtes du Pays Basque et à La Réunion, paradis des surfeurs.
Deux frères ,passionnés de surf vont peu à peu contribuer à ébranler un édifice familial fondé sur les apparences.
Ils appartiennent à une famille de la petite bourgeoisie provinciale dont la mère surtout, vise rien moins que la perfection pour sa progéniture !
On se doute dès le début que l'auteur va se délecter en nous livrant une peinture au vitriol de cette famille !
Maintes fois exploitée en littérature et au cinéma, la critique de moeurs de la bourgeoisie semble toujours un thème porteur et ce roman ,un de plus , en est la preuve.
Alors, hyperréalisme ? sans doute...
Caricature ? ...pas sûr !
Pourtant ,parfois le trait est bien grossi pour laisser place à la dérision , au sarcasme ou à une forme d'humour noir.
Un texte savamment pimenté !
C'est une tranche de vie entachée par des drames qui va permettre une belle étude de caractères : celle d'un pervers surtout .
Mais elle permet aussi de jeter un regard appuyé sur un loisir devenu un mode de vie .
En effet, le lecteur est immergé dans le monde du surf et, parfois il faut le dire, englouti sous une déferlante de termes techniques. Mais, même si on ne regarde les planches que du rivage, l'intérêt reste tenu en éveil . On peut donc parler d'une narration de qualité .
C'est aussi un sujet de réflexion sur le rapport entre la société de loisir et l'environnement et sur la responsabilité de tous.
Et, ce roman dénonce à sa façon l'utilisation à outrance des milieux naturels au mépris de son écosystème .
Un roman qui donne envie de mieux connaître l'oeuvre de Rebecca Lighieri qui publie aussi sous le nom de Emmanuelle Bayamack-Tam. « www.babelio.com
COLOMBANI Laetitia LA TRESSE, roman, 2017, 221 pages "SMITA s'éveille avec un sentiment étrange, une urgence douce, un papillon inédit dans le ventre. Aujourd'hui est une journée dont elle se souviendra toute sa vie. Aujourd'hui sa fille va entrer à l'école. Comme SMITA, Ils sont des millions à vivre en dehors des villages, de la société, à la périphérie de l'humanité." "Ce panier, c'est son calvaire. Une malédiction. Une punition...il faut payer, expier.". " ... des latrines que les femmes DALITS viennent vider chaque jour à mains nues. Des femmes comme SMITA." "On fait face à une réalité humaine aux limites de l'animal qui est craint et soumis. Les INTOUCHABLES sont les jouets et les victimes des autres individus, des hors castes." "GIULIA. Giulia ! Scendi ! Subito! Giulia ouvre les yeux péniblement. La voix de sa mère retentit d'en bas. Une mère sicilienne, il faut obéir." "C'est un père aimant, bien qu'exigeant et autoritaire, qui a élevé ses filles dans le respect de la discipline, et leur a transmis le goût du travail bien fait." "SARAH. À la seconde où elle ouvre les yeux, son cerveau s'allume comme le processus d'un ordinateur." "Aujourd'hui tout est planifié, organisé, anticipé. Plus d'improvisation, le rôle est appris, joué, répété chaque jour, chaque semaine, chaque mois, toute l'année." " ... les hommes aiment les femmes qui ne leur font pas d'ombre." "SMITA. L'école est faite pour instruire, non pour asservir. Tout se paye ici." "Les hommes ne sont pas égaux devant le sommeil. Les hommes ne sont égaux devant rien." "Il n'y a pas de respect pour les femmes, encore moins si elles sont Intouchables.Ces êtres qu'on ne peut pas toucher, pas même regarder, on les viole pourtant sans vergogne." "Le viol est une arme puissante, une arme de destruction massive./ "Deux millions, victimes de la barbarie des hommes, tuées dans l'indifférence générale. Le monde entier s'en fiche." "GIULIA. KAMAL est sikh. Giulia aime cette foi sans péché originel, sans paradis et sans enfer." "SARAH! Le cancer lui aura tout pris: son métier, son apparence, sa féminité. "GIULIA. Tout ce qu'elle veut, c'est sauver l'atelier de son père, et mettre sa famille à l'abri." "SARAH COHEN.Avocate. Pour eux elle se battra, C'est ce qu'elle sait faire de mieux. Tel sera son combat." "Celui qui sauve une vie sauve le monde entier. Aujourd'hui, le monde entier la sauve, et SARAH voudrait lui dire merci. Elle est là pour longtemps encore." Pour en savoir davantage: Résumé : "Trois femmes, trois vies, trois continents. Une même soif de liberté. Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école. Sicile. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée. Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est gravement malade. Liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier, Smita, Giulia et Sarah refusent le sort qui leur est destiné et décident de se battre. Vibrantes d’humanité, leurs histoires tissent une tresse d’espoir et de solidarité." LES ÉDITEURS. UNE LECTRICE: "Dans ce roman, nous faisons connaisssance avec trois femmes : -Smita, une jeune Dalit (intouchable) d'Inde. Elle doit vider les excréments des latrines sèches, là est son métier. Elle ne veut pas que sa fillette de 6 ans subisse le même sort. Avec son mari, ils réunissent leurs économies et l'inscrivent à l'école. Pas simple. Smita décide de prendre son destin en mains. - Giulia vit en Sicile. Elle dirige avec son père, une petite entreprise où on fabrique des perruques avec les cheveux des Siciliennes. Hélas, les affaires, ne marchent plus. Elle rencontre Kamal, un indien Sikh qui va lui apporter une solution à ce problème. - Sarah Cohen est une avocate installée à Montréal. Son ambition est sans bornes au point de mettre sa vie personnelle de côté. Elle paraît inhumaine jusqu'au jour où elle apprend qu'elle a un cancer déjà bien avancé. Elle va alors regarder la vie d'une autre façon. Les vies des trois femmes vont connaître un point commun sans qu'elles se connaissent. L'écriture de Laetitia Colombani est très belle. Le contenu est habilement structuré. Les chapitres sont consacrés successivement aux trois femmes ( trois brins pour une tresse ) et se terminent chaque fois sur un point de suspense. Heureusement, on ne met pas trop longtemps à retrouver les personnages car les chapitres sont clairs et courts. Au début du récit et après six ou 7 chapitres, on peut lire un texte poétique écrit par une ouvrière de l'atelier de Giulia, certainement la plus vieille d'entre elles, la Nona, au sujet de la confection d'une perruque. Ces courts textes me semblent très importants pour effectuer le lien. En effet, le point commun entre les trois femmes est bien la chevelure. C'est un roman magnifique découvert grâce à la grande librairie et aux appréciations de mes ami(e)s LECTRICES" www.babelio.com