JE M'APPELLE MARIE, récit de Christian TÉTREAULT, 2007, 2016 pages, Québec
09/06/2018 15:32 par livresentete
TÉTREAULT Christian
JE M'APPELLE MARIE, récit. 2007, 206 pages, Québec, ****
Un récit touchant, le récit d'une famille éprouvée par la mort d'une enfant de deux ans, MARIE, jumelle de son frère FÉLIX. La mort peut déranger, troubler mais peut également réunir : chaque enfant a des possibilités et des limites. Nul n'est une copie conforme d'un autre, chacun est original, unique, a une personnalité et une vie propre.
MARIE, deux ans, est morte d'une épiglottite aiguë consécutive à une infection par l'hémophilus influenzae.
Un récit d'une écriture appliquée, soignée, authentique.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« MARIE, FÉLIX et moi sommes acclamés partout où nous nous produisons. On nous regarde.On nous admire. Je n'en finis plus d'accepter les éloges et les compliments. Un triomphe. »
MARIE est sérieuse. « C'est son exercice favori : tester l'élasticité des lois.
FÉLIX. Il rit à rien. Tout le fait rire. C'est un joyeux luron, ce Félix. Je n'ai même pas à le toucher. Je lui montre mes doigts qui dansent dans les ais et il craque. »»
« FÉLIX. Il est désormais la bouée à laquelle s'accrochent ces âmes à l'agonie, au bout de leur capacité à endurer la souffrance. »
« Vivez pour FÉLIX. Deux ans, trois mois et quinze jours, et déjà toute cette responsabilité. »
« Il ne peut y avoir de vrai bonheur sans sagesse ni conscience. »
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Ce livre raconte l’histoire bouleversante de Marie, petite fille foudroyée par la mort à la suite d’une maladie en apparence bénigne, à l’âge tendre de deux ans, trois mois et quatorze jours. Le choc frappe ses parents et tout son entourage : « Le 29 septembre 1985, je croyais que la vie s’était arrêtée, que la vie avait frappé le mur. » Ce livre est le récit de parents courageux qui décident de poursuivre leur route et de réaliser leur rêve d’avoir d’autres enfants. En prime, l’auteur constate qu’en réalité leur fille ne les a jamais vraiment quittés, qu’elle vit toujours dans leur cœur et qu’elle occupe une place de choix au sein de la famille. Et, surtout, que la mort de cette enfant a fait de lui un homme meilleur et lui a permis de vivre un bonheur auquel il n’aurait jamais eu accès sans cette épreuve. Marie est devenue sa source d’inspiration et son ange gardien. «
« Christian Tétreault raconte l'histoire de sa fille Marie, emportée à l'âge de deux ans par une maladie foudroyante. Profondément affectés par ce drame, sa compagne et lui décident de poursuivre leur route, malgré l'insupportable absence. Peu à peu, ils prennent conscience que leur petite ne les a pas vraiment quittés, mais qu'elle est présente dans leur cœur, dans leur vie et au sein de leur famille, où elle occupe une place de choix. Marie devient leur ange gardien. Malgré tout, l'auteur affirme que ce drame l'a rendu meilleur, l'a sensibilisé aux valeurs essentielles et lui a ouvert les portes d'un bonheur serein. »
http://www.editions-homme.com/appelle-marie/christian-tetreault/livre
Un lecteur :
« Papa est une machine à parler, tout est un sujet de conversation. Maman est une machine à bouger et à agir. Il y a toujours quelque chose à faire. Papa a toujours retenu ce syllogisme à la Yogi Berra: «J’en fais tellement que j’ai pas le temps de rien faire.»
Au fil des jours, des discussions et des caresses, leur relation se précise. Leurs rapports se dessinent. Leur dynamique s’établit. Leurs différences surtout se découvrent. Ils réalisent qu’ils sont arrivés ensemble sur leur petite île de bonheur en provenance d’univers totalement différents. Même quartier, même type de bungalow. Mais c’était bien différent entre les murs et dans le quotidien, entre les oreilles et dans le cœur, sur les sentiers. «www.babelio.com
FRANZEN Jonathan
PURITY, roman, Boréal, 2016, 743 pages
Une brique de roman, un roman enivrant, démesuré par l'écriture éclatante de l'auteur et son personnage encombrant mais combien rassembleur qu'est PURITY, renommée PIP à la maternelle. Une jeune fille à la personnalité fraîche et spontanée. Elle pense ce qu'elle dit et vit ce qu'elle pense. Un être authentique, inattaquable par sa franchise. Quelques personnages, mais d'une grande intensité et vérité. Des personnages qui se croisent et s'entrecroisent dans le temps et de notre époque.Dans ce roman nous apprenons l'importance du respect de l'autre et de ses différences: pauvre ou riche, homme ou femme. La différence est la richesse de chacun.
PIP est un personnage en dents de scie qui a des faiblesses mais qui s'assume entièrement.
Un roman hors norme et un auteur à découvrir. Un grand roman moderne qui pourrait nous ressembler.
Roman à portée sociale, écologique. Purity est une anarchiste de la vie.
Des personnages très concentrés comme du jus de citron fait maison.
Gilles Lagrois, Auclair, Québec
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"La rancune, c'est pour les faibles. Les forts pardonnent."
"La cruauté psychologique des hommes peut être tout aussi douloureuse que les abus physiques. Mon père était cruel et mon mari, encore plus."
" ... la classe moyenne fondait plus vite que la calotte glaciaire."
"Les secrets étaient un pouvoir. L'argent était un pouvoir."
"Ton bonheur ne devrait pas dépendre du sien. Tu as le droit de penser à toi."
"Les gens intéressants sont toujours immodérés."
"Apparemment, pitié et trahison étaient liés."
"Mais rejeter l'argent n'est qu'une autre façon d'être obsédé par lui."
"Un exhibitionniste radical est une personne qui a renoncé à son identité."
LEILA." Dans le journalisme, comme dans le sexe, LEILA avait toujours été quelqu'un qui rappelle."
ANDREAS WOLF." Il décida qu'il allait aimer ce psychologue essayer d'en prendre soin."
"Tout ce que je veux, c'est me masturber, 15 ans."
"Mais d'une détresse émotionnelle extrême."
"... mais avoir un esprit compliqué impliquait d'en comprendre les limites."
ANNAGRET. " Tu es une personne très gentille. Tu vis un cauchemar, c'est tout."
Pour en savoir davantage:
"La jeune Pip Tyler ignore tout de ses origines. Elle sait seulement qu’elle s’appelle Purity, que sa dette étudiante s’élève à cent trente mille dollars, qu’elle partage un squat avec des anarchistes à Oakland et qu’elle entretient avec sa mère, sa seule famille, une relation orageuse. Elle n’a pas la moindre idée de l’identité de son père et ne connaît pas les raisons pour lesquelles sa mère vit en recluse sous un nom d’emprunt.
Mais une rencontre fortuite avec des militants allemands vient changer la donne. Pip décide de partir en Amérique du Sud pour faire un stage avec le Sunlight Project, organisation qui s’adonne au trafic d’informations à l’échelle de la planète, informations parmi lesquelles, du moins Pip l’espère-t-elle, se trouve le secret de ses origines. Le Sunlight Project est sorti du cerveau d’un provocateur charismatique, Andreas Wolf, qui a connu la notoriété au moment de la chute du mur de Berlin. Wolf, réduit au statut de fugitif pour des raisons qui échappent à Pip, exerce un tel ascendant sur elle que la jeune femme doit bientôt revoir sa conception du bien et du mal.
Purity est un roman aux dimensions épiques où se mêlent l’idéalisme de la jeunesse, la fidélité aveugle et le meurtre. Jonathan Franzen a imaginé des personnages hauts en couleur – Californiens et Allemands de l’Est, bons et mauvais parents, journalistes et lanceurs d’alerte – qu’il suit tandis que leurs chemins s’entrecroisent sur des terrains aussi contemporains qu’Internet et aussi intemporels que la guerre entre les sexes."L'ÉDITEUR
FRANZEN propose une merveilleuse satire de la vie de l'Amérique moyenne dans ses menus détails , particulièrement en ce qui a trait aux complexités des relations familiales. TIM ADAMS, THE GUARDIAN
ORSENNA Erik
L'AVENIR DE L'EAU, 2008, 402 pages.Fayard. Petit précis de mondialisation 11, ****
Même optimiste de nature et par morale, le voyageur revenu du son tour du monde, sent sourdre en lui une autre angoisse. Pollution, surproduction, érosion, urbanisation. Partout les sols s'épuisent. La crise de la terre commence.
Au commencement de toute humanité est l'eau. L'eau vient de la nature, forcément locale.Ce livre traite de tout ce qu'il faut savoir sur l'eau de consommation et de ses usages multiples. L'eau dans tous états.De bien commun à usine d'assainissement. Un monde à connaître à travers notre planète Terre.
La planète entière est concernée par la consommation indispensable de l'eau sous toutes ses formes.
Une préoccupation toute simple et pourtant d'une urgence quotidienne : fournir de l'eau saine à la population dont chaque ville et village a la charge, à toute population existante.
L'objectif est toujours le même : favoriser la maîtrise autonome de la gestion de l'eau potable et saine. L'eau peut rallier mais également diviser les populations.
L'eau est tellement indispensable aux humains qu'ils iraient jusqu'à s'étriper pour la conquérir sinon négocier pour se la distribuer. L'eau est l'école du partage. La nécessité fait loi.
C'est l'agriculture qui prélève le plus d'eau, qu'on accuse de polluer les nappes et les rivières. Mais partout la terre arabe se fait rare, les sols s'épuisent.
Mourir de faim, périr se soif?
Un livre important qui concerne toutes les populations par son sujet peu importe les lieux du monde.
Une écriture éloquente, précise, académique.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
Pour en savoir davantage :
Résumé :
« Dans dix ans, dans vingt ans, aurons-nous assez d'eau ? Assez d'eau pour boire ? Assez d'eau pour faire pousser les plantes ? Assez d'eau pour éviter qu'à toutes les raisons de faire la guerre s'ajoute celle du manque d'eau ?
Dans l'espoir de répondre à ces questions, je me suis promené. Longuement. Du Nil au Huang He (Fleuve Jaune). De l'Amazone à la toute petite rivière Neste, affluent de la Garonne. De l'Australie qui meurt de soif aux îles du Brahmapoutre noyées par les inondations... J'ai rencontré des scientifiques, des paysans, des religieux, des constructeurs de barrages, des physiciens alpinistes qui mesurent sur tous les toits du monde la limite des glaciers. J'ai passé du temps avec les médecins de Calcutta qui luttent contre le choléra. J'ai écouté d'innombrables leçons, dont celle du scarabée de Namibie et celle du kangourou. Quelles sont leurs techniques pour survivre en plein cœur du désert ? Peu à peu, j'ai fait plus ample connaissance avec notre planète. J'ai vu s'aggraver partout les inégalités, notamment climatiques. Mais j'ai vu aussi la réussite du pragmatisme, de belles coopérations entre administrations et entreprises privées. J'ai vu des illusions et des férocités à l'œuvre.
De retour de voyage, voici maintenant venu le moment de raconter. Un habitant de la planète sur six continue de n'avoir pas accès à l'eau. Un sur deux vit sans système d'évacuation. Pourquoi ?
Les éditeurs
UN LECTEUR :
« Ce petit précis de la mondialisation se lit comme un roman : point d'exposé indigeste, mais une série d'histoires exemplaires, et l'on reconnaît ici la patte de l'écrivain. Erik Orsenna est un formidable conteur, un popularisateur, comme il aime se définir.
Les chiffres affolent, bien sûr : 2,6 milliards d'être humains vivent sans système d'évacuation des eaux usées, 25 000 êtres humains meurent chaque jour faute d'eau,dont la moitié sont des enfants. Mais au-delà de ces chiffres alarmants, Erik Orsenna nous parle de l'eau dans tous ses états et du quotidien des différentes populations. L'avenir de l'eau n'est pas un essai théorique, coupé de la réalité. Bien au contraire. C'est en exposant des situations concrètes qu'Erik Orsenna veut nous faire passer son message ; à travers ses mots et ses exemples nombreux, nous comprenons les problèmes complexes qui se nouent autour de l'eau.
Il y a bien sûr les maladies qu'elle véhicule : le choléra fait encore des ravages à Calcutta alors que les solutions existent et sont d'une simplicité désarmante.
L'eau est à l'origine d'inégalités criantes : géographiques et climatiques - quelle chance nous avons de vivre dans un pays au climat tempéré, au relief diversifié, nous qui n'avons jamais eu jusque-là à lutter pour préserver cette ressource ! Mais au-delà ce ces inégalités "naturelles", il y a aussi des contrastes choquants : un habitant de Las Vegas consomme 1000 litres par jour quand aux portes du désert de Namibie la population tente de récupérer l'eau contenue dans l'atmosphère puisqu'il ne tombe que 20 millimètres par an.
Mais l'eau est une arme cruelle aux mains des politiques : partout dans le monde, des fleuves sont détournés pour irriguer les plantations, sans se soucier qu'ils soient taris en arrivant en bout de course et assoiffent les habitants des pays voisins ; pendant les guerres, certains généraux prirent la décision d'inonder des plaines entières et les populations qui vivaient là ; entre Israël et la Palestine, l'eau est devenue l'objet de toutes les tensions.
Et pourtant, l'eau est aussi capable de réunir autour d'elle le meilleur.
Conclusion, cet Avenir de l'eau est passionnant et nous permet de mieux comprendre l'état de notre planète. » www.babelio.com
MAKINE ANDREÏ
L'ARCHIPEL D'UNE AUTRE VIE, Seuil, 2016, 281 pages, ****
Roman d'une époque rude et tendue en Russie plus précisément en Sibérie, en 1952.
Un roman, une fable, un songe, une rencontre d'humains menacés donc une vie de survivance à la dure. Nul n'est épargné par le régime soviétique à l'époque de STALINE.
Un roman touchant, une histoire d'amour hors norme, en dehors de la réalité d'une époque où chaque jour la survie est menacée.
Pas facile la vie de soldat à moins d'être un décoré, un héros et un menteur. Le pouvoir appartient à un haut gradé qui s'accapare le bénéfice de la gloire des humbles soldats. Tout lui revient car il en a le pouvoir et on le croit. Il est le maître de toutes les situations. La gloire lui appartient.
ELKAN ET GARTSEV, leur histoire d'amour menacée, faite d'amour et d'amour de la liberté.
"La même nature humaine, faite de méfiance, d'agressivité, de perfidie." Une vie démente.
Un grand roman, un auteur à l'écriture vive. Un roman et un un auteur à ne pas manquer.
Un roman qu'on dévore.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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"... un rôle dans la bouffonnerie du monde où depuis toujours les hommes vivent en se haïssant."
"À cet instant de ma jeunesse, le verbe "vivre" a changé de sens.Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des CHANTARS. Pour toutes les autres manières d'apparaître ici-bas "exister" allait me suffire."
"Je me sentis très proche de cet inconnu. Pourtant, son mystère résista--une identité plus complexe que celle d'une simple trappeur de la taïga."
"...sur la Russie et son communisme vieillissant qui coïncida avec notre jeunesse, âgés de quatorze ans. La dictature qui nie l'individualité humaine. Rétifs aux doctrines, nous n'avions qu'une envie: nous enivrer de ce nouveau printemps, le meilleur de notre vie, pensions-nous."
"En réalité, TOUGOUR se trouvait dans le cul-de-sac d'un golfe serré entre des reliefs monstrueux et débouchant...sur une modeste mer intérieure."
"La douleur est faite pour révéler l'homme."
"Dès lors, la vraie poursuite commença, une traque rapprochée, celle qui réveille, chez l'homme, son instinct de prédateur."
RAINSKY."Pour survivre, il avait trouvé une bouée: la "discipline de fer" qu'il admirait chez son père, chez les Allemands, chez LOUSKAS."
VASSINE."Depuis, je n'aime pas ces récits de soldats. On enjolive, on décrit des exploits et des victoires."
GARTSEV."...ce "pantin de chiffon" que je gardais en moi. Fiévreux symbole de notre volonté de vivre, d'aimer, d'être reconnu, d'être aimé."
"Être face à une femme inversait le sens de notre expédition. Elle nous avait humiliés, rapetissés. Les vrais victimes, c'était nous....une garce qu'il fallait punir, non pas pour son crime mais pour avoir perverti la logique de ce monde."
Pour en savoir davantage:
Résumé :
"Aux confins de l'Extrême-Orient russe, dans le souffle du Pacifique, s'étendent des terres qui paraissent échapper à l'Histoire... Qui est donc ce criminel aux multiples visages, que Pavel Gartzev et ses compagnons doivent capturer à travers l'immensité de la taïga ? C'est l'aventure de cette longue chasse à l'homme qui nous est contée dans ce puissant roman d'exploration. C'est aussi un dialogue hors du commun, presque hors du monde, entre le soldat épuisé et la proie mystérieuse qu'il poursuit. Lorsque Pavel connaîtra la véritable identité du fugitif, sa vie en sera bouleversée. La chasse prend alors une dimension exaltante, tandis qu'à l'horizon émerge l'archipel des Chantars : là où une "autre vie" devient possible, dans la fragile éternité de l'amour."
Les éditeurs
Un lecteur:
Andreï Makine, nouveau membre de L'Académie Française, nous offre avec « L'Archipel d'une autre vie » un magnifique roman. Avec un grand talent il nous entraine dans une grande aventure dans sa Sibérie natale.
Nous sommes dans les années 1970 en Sibérie extrême-orientale, un jeune garçon rencontre Pavel Gartsev. Cet homme va commencer à lui raconter son histoire.
Flashback !
Nous sommes en 1952, l'URSS de Staline se prépare à une possible guerre atomique. Cinq soldats dont Pavel sont envoyés à la poursuite d'un évadé du Goulag. Commence alors une longue chasse à l'homme dans la taïga Russe. Dans cette nature hostile, les hommes, de plus en plus épuisés par cette battue d'un fugitif qui les tient toujours à distance, vont révéler leur réelle personnalité. Lorsque Pavel réussira à le rejoindre et connaîtra qui est l'évadé, sa vie ne sera plus la même.
Dans ce décor hostile mais magnifique, l'homme prendra conscience de la violence de notre monde et se rendra compte qu'il est du mauvais côté. Andreï Makine, car c'est bien lui le jeune garçon qui recueille le témoignage de Gartsev, nous envoie un message : arrêtez la violence, les armes, les fanatismes, les pollutions, regardé notre terre, il y a une autre façon de vivre.
BÉLANGER Gaétan
MARIE MARGUERITE, roman, 2005, 312 pages, Québec, ****
Le scandale qui a secoué la Nouvelle-France.
Roman historique. Ce roman nous dévoile un aspect méconnu de l'histoire de la Nouvelle-France : L'ESCLAVAGE
Jeudi, 29 septembre de l'an de grâce 1740'
Un roman important car il dénonce et marque une histoire, d'une période trop ignorée de notre histoire collective.
Ce procès sans précédant déchaîne les passions dans toute la Nouvelle-France catholique et religieuse de cette époque.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Marie Marguerite Radisson dite Duplessis est une Sauvagesse originaire de la nation des PANIS, n'a que vingt-deux ans. Sa peau est tannée et plutôt jolie. Elle est accusée par son maître d'ivrognerie, de libertinage et de vol domestique, et ce sont ces raisons qu'il invoque pour vouloir l'éloigner de la Nouvelle-France. »
« Le Code Noir régissant l'esclavage dans les Antilles est appliquée dans les Îles dans toute sa rigueur dorénavant. »
« L'affranchissement devrait se faire obligatoirement par acte notarié pour être valide. »
« Père de Saint-Pé. ...nous avons le devoir d'intervenir lorsque des hommes abusent de leurs frères et sœurs au point de les asservir...nous ne sommes pas étrangers au problème et que nous devons participer à sa solution. »
« À l'Hotel-Dieu de Montréal.Les sœurs hospitalières possédaient quelques esclaves—des Noirs et des Sauvages des deux sexes. »
« Il faut dire que la liberté est une notion relative plutôt qu'absolue.Marie-Marguerite n'était pas rénumérée pour son travail. »
« « Il avait, en fait, acheté Marie Marguerite...maintenant elle ne pouvait plus partir. »
« Il est souvent plus avantageux de ne pas révéler tout ce que l'on sait ou tout ce que l'on pense. »
« Ceux qui...exigent tout simplement que leur volonté soit faite et que personne ne conteste le pouvoir qu'ils considèrent avoir, de droit divin, le loisir d'exercer sur nombre de leurs semblables. »
«Marie Marguerite. Les gens qu'elle affronte sont tellement puissants et déterminées ! Et ils sont tellement persuadés de leur bon droit. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE : résumé
« Ce roman dévoile un aspect méconnu de l’histoire de la Nouvelle-France, soit l’esclavage. Durant l’automne 1740, Marie Marguerite, une jeune esclave amérindienne de 22 ans éprise d’un ancien coureur des bois, est enfermée dans la prison de Québec. Son maître, le chevalier Dormicourt, l’accuse de vol, d’ivrognerie et de libertinage. Afin, dit-il, de protéger les bonnes moeurs de la colonie, il projette de la faire embarquer sur un navire en partance pour les Antilles où elle sera vendue.
Mais peut-être a-t-il, en réalité, une autre raison moins avouable de vouloir l’éloigner ?La jeune femme, affranchie par ses anciens maîtres qui la traitaient comme leur propre fille, est protégée par des jésuites qui trouvent injuste le sort qu’on lui réserve et qui décident de lui venir en aide. Ils retiennent les services d’un praticien qui est chargé de contester sa condition d’esclave devant la justice.
En s’opposant à celui qui est considéré comme son maître, elle déclenche un scandale dans une partie de la population, notamment chez les propriétaires d’esclaves qui craignent de voir leurs droits menacés. Cela donne lieu à un procès sans précédent qui déchaîne les passions dans toute la Nouvelle- France. Marie Marguerite sera-t-elle reconnue libre ou exilée et vendue aux Antilles ? La question est sur toutes les lèvres... « Les éditeurs
BRITT Fanny
LES MAISONS, roman, 2015, 221 pages, Québec,
TESSA, chanteuse classique, devient agent de vente immobilière, courtier, raconte sa vie à cœur ouvert, sans gêne, sans remords, sans cachotterie. Son récit est limpide comme l'eau d'une rivière au printemps. La vie est telle qu'elle est, spontanée, sans méchanceté mais avec un grain d'amusement dans la voix, sans malices.
Son compagnon de vie, son conjoint, le père de ses trois enfants, trois garçons, est un tromboniste dans un orchestre respectable. Bon père, bon collègue , bon mari et bon voisin, avec le sens des responsabilités toute sa vie.Mais TESSA n'est pas aussi sage sans être dévergondée.
TESSA, mère aimante, disponible et compréhensive manque de confiance en elle, se déprécie.
Une écriture moderne, directe, colorée par son humour à la québécoise : prendre la vie à la légère au lieu de se stresser.Un roman audacieux par son ouverture sur la vie.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« Il arrive un moment où les gens deviennent une masse indistincte. »
« Elle est comme ça leur chambre : ensanglantée et impeccable. »
« Cette cuisinière double à six brûleurs est fantastique quand vient le temps de s'immoler. »
« Ce patio en cèdre constitue l'endroit idéal pour provoquer une crise cardiaque. »
« Solidarité pour vies pétées »
« Ses mains m'entourent et m'engloutissent et avec elles toutes les moiteurs deviennent obéissantes. »
« Chacun ses fins du monde. »
«Il suffisait d'avaler quelque chose de louche, dans un lieu obscur avec de la musique forte, pour être cool. »
« Nos peines, elles peuvent devenir notre force.Sauf quand elle nous brisent. »
« UN FOU DANS UNE POCHE. »
« TESSA. Je suis sans doute plus tordue que je ne suis prête à l'admettre. »
« FRANCIS, premier amour. Vous êtes pas correctes les femmes. Vous militez pour la communication jusqu'à plus soif, mais vous aimez rien comme le mystère. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE
Résumé :
« Tessa, chanteuse classique convertie en courtière immobilière, vend des maisons et ne va pas bien. Elle élève trois fils qu’elle adore avec un homme qui la chérit. Dans trois jours, elle a rendez-vous avec Francis, un ancien amour qui n’a jamais guéri. Entre-temps, il y aura des visites de propriétés, des cabines d’essayage, des cours de natation, des ponts en bâtons de popsicle à livrer à l’expo-sciences de l’école, des étreintes dans la nuit, des deuils, des rappels de l’enfance, des fantômes, et la peur de vieillir dans l’amertume. Cesse-t-on un jour de désirer ce qu’on a désiré à vingt ans ?
Au confluent des Annie Dillard, Elisabeth Strout et Rachel Cusk, l’ample fresque des Maisons fouille les drames privés dans une époque d’insatisfaction et de conformisme. Derrière les portes closes sur des intérieurs encombrés par la solitude, on trouvera aussi l’amour des enfants et de l’architecture du quotidien. Tout ça se passe à Montréal. »
UNE LECTRICE
« Entrer dans Les maisons de Fanny Britt, c'est pénétrer dans l'univers intime de Tessa, une mère de 3 jeunes garçons et conjointe adorée d'un musicien. Tessa est âgée de 37 ans et elle exerce le métier d'agente immobilière. Par le plus grand des hasards, elle revoit son premier amour, celui qu'elle n'a jamais pu oublier, celui qu'elle a toujours gardé enfoui dans les tréfonds de son âme. Cet homme, après l'avoir revue, l'appelle et les deux anciens amants se fixent un rendez-vous quelques jours plus tard. Pendant ces trois journées d'attente, Tessa est alors confrontée à ses souvenirs et elle entre en conflit avec ses émotions.
Ce livre offre une belle métaphore textuelle, celle de l'intériorité versus l'extériorité par le biais de la maison. Tessa projette l'image d'une mère aimante, d'une conjointe attentionnée et d'une agente immobilière à l'écoute de ses clients. Sa façade est bien belle, donc le portrait qu'elle offre apparaît quasiment parfait. Pourtant, qu'est-ce qui se cache derrière la porte de cette femme? Dans ce récit, le lecteur est amené à l'intérieur de Tessa et il comprend qu'elle ne va pas bien. Est-ce la peur de vieillir ou encore est-ce la faute aux démons de son passé? Est-ce associé à la société qui impose un certain mode de vie? le lecteur accompagne Tessa en fouillant avec elle les méandres de sa pensée, en revisitant les lieux qui l'ont marquée, en rencontrant les gens qu'elle a côtoyés et en étant témoin des drames qu'elle a vécus. Tessa renoue avec la petite fille en elle et l'amoureuse passionnée qu'elle a été.
“Attendre. Pressentir avec effroi et exaltation qu'on en espère autant qu'au premier jour, que la fièvre ne se guérit pas, qu'on est une chandelle fondue, que le pouvoir a toujours été et sera toujours du côté des autres, que rien, ni le temps, ni les enfants, ni les briques qu'on a farouchement empilées n'ont d'effet sur le sombre désir de dire oui à cet homme absent depuis si longtemps. (p. 37)”
En ce sens, Francis apparaît comme le fil reliant Tessa à son passé, à ce qu'elle a perdu : sa jeunesse et sa fougue. Cet homme est omniprésent dans sa vie depuis des années ; c'est à lui qu'elle s'adresse. Il est devenu son compagnon intérieur. Comme elle le mentionne :
“Ce qui est étrange, c'est que j'ai beaucoup parlé à Francis, dans ma tête, depuis quinze ans. Il a assisté à la résolution de plus d'un conflit intérieur. (p. 205)”
À cet égard, Tessa a perdu ses repères et elle essaie de retrouver sa place à la suite de ses retrouvailles avec Francis. Ses murs intérieurs sont ébranlés. Lors de leur première rencontre, elle s'était dit qu'elle n'aimerait plus jamais personne comme elle l'a aimé. Pourtant, à la fin, elle prend conscience qu'elle a vieilli, tout comme lui, que cet amour n'est qu'un fantasme et qu'il est tributaire d'une période révolue.
“Mais ces versions de nous n'existent plus.
N'est-ce pas d'une éclatante évidence? Est-il encore possible que ce soit lui, mon amour torrentiel? Ses cheveux grisonnants mais surtout clairsemés- en fait, pas tant clairsemés que duveteux, une tragi-comédie qui arrive aux hommes vieillissants, les faisant ressembler pendant un temps à des canetons, inoffensifs comme de la barbe à papa- ses cheveux changés, en tout cas, et puis les vêtements, ceux-là mêmes qu'il aimait à l'époque, mais qui désormais lui donnent un air tristounet, ce Francis réel, en somme, que vient-il faire dans mes délires? N'est-il pas aussi ridicule que moi dans mon costume de matrone dépressive?
N'a-t-il pas, autant que moi, douloureusement honte?
Ne sommes-nous pas les tristes, tristes clowns d'un sketch éculé? (p. 205)”
J'ai beaucoup aimé cette histoire en raison du lien intime qui se noue entre l'instance lectrice et Tessa. Cette dernière apparaît en pleine crise identitaire et elle tente de se retrouver dans son rapport au désir. Donc, j'ai apprécié cette crise de la quarantaine que traverse Tessa en silence. L'écrivaine trace le portrait d'une femme qui s'est développée à travers ses peines et ses échecs. Chaque pierre de son être raconte une histoire… Tessa doit faire la paix entre ce qu'elle attendait de la vie au début de la vingtaine et ce qu'elle est 20 ans plus tard…Entre illusion et désillusion, il lui faut redéfinir les cloisons de sa maison afin d'accepter la réalité.
Aussi, le thème de l'adultère apparaît central mais d'autres viennent s'y greffer comme la maternité, l'amitié et le vieillissement.
Alors, je vous recommande certainement d'ouvrir les portes des Maisons de Fanny Britt. Je suis convaincue que vous ne serez pas déçu par cette écriture intelligente, sensible. »
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KENNEDY Douglas
CINQ JOURS, roman, 2013, 439 pages
Un roman, une douceur, un regain d'énergie vitale. Un livre qui nous donne le goût de vivre, de se remettre en question sur le plan amoureux. Une relation amoureuse entre personnes ayant des points communs et des intérêts culturels à partager.
Un style d'écriture optimiste, une écriture toute en douceur,en humanité.
LAURA est une femme pleine de compréhension, d'une gentillesse naturelle pour les autres, son entourage mais elle a une logique implacable parfois rigide.
LAURA est une femme capable d'analyser n'importe quelle situation en tenant compte des pour et des contre de chacun des intervenants. Ni rigide, ni trop ouverte, pour elle la situation fait partie de la décision. Elle tient compte des autres sans s'oublier.
Une histoire de famille, une histoire d'amour, une remise en question de soi.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
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« La fidélité n'a de sens que si l'amour existe. »
« Il faut se laisser guider par l'espoir et rester convaincu qu'il est toujours possible de se réinventer. »
« L'amour est le sentiment auquel l'être humain aspire le plus mais qui lui reste le plus mystérieux de tous. »
« Nous sommes les seuls responsables de notre bonheur. Pour être heureux, il faut le vouloir. »
« Le sexe était alors un don de soi total. »
« Le sexe est une chose, l'amour en est une autre. »
« Nous avions été en phase, connectés, en quelque sorte. »
« On est jeune tant qu'on n'est pas dans un cercueil. »
« Une histoire personnelle, une existence peut être modifiée par une décision qui n'a pas été mûrement réfléchie. »
« Un refuge face à une réalité trop dure à supporter. »
« Il a une connaissance incroyable de l'être humain. C'est époustouflant. »
« Il n'y a pas de solution à la condition humaine, juste une pagaille épouvantable. »
« Nous avons tous notre petit paradis sur terre n'est-ce pas ? »
« Le fait que je regagnais chaque soir un foyer déserté par le bonheur. »
« Il nous arrive à tous de critiquer chez les autres ce qui ne nous plaît pas chez nous. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
Résumé :
« Dans le Maine, de nos jours.
A 42 ans, Laura Warren sent qu'elle est à un tournant de sa vie. Depuis quelques temps, cette technicienne en radiographie, au professionnalisme et au sérieux loués par tous, se surprend à être de plus en plus touchée par la détresse de ses patients. Elle ne trouve pas beaucoup de réconfort à la maison : son mari est sans emploi depuis 19 mois ; son fils, artiste dépressif, se morfond depuis sa rupture amoureuse et sa fille s'apprête à partir à l université.
Aussi voit-elle dans cette conférence à Boston une parenthèse bienvenue, sans imaginer que ces quelques jours vont bouleverser à jamais son existence...
Richard Copeland est lui aussi en pleine confusion. A l'étroit dans un mariage contracté par dépit plus que par amour, incompris par une femme devenue de plus en plus distante, frustré professionnellement et connaissant de grandes difficultés avec son fils, un garçon brillant mais psychologiquement très instable, il rêve de s'échapper.
Entre ces deux esseulés, une folle passion, un aperçu du bonheur, un avant-goût de liberté. Une autre vie serait-elle possible ?
Et pourtant... Et si, finalement, la plus grande peur de l'homme était d'accéder au bonheur ? »
UNE LECTRICE :
« On est loin du Douglas Kennedy habituel.
Pas de suspense, l'intrigue est essentiellement sentimentale. Au début on s'impatiente un peu devant la banalité des personnages.
Mais au fil du livre, on s'attache à eux.
Laura et Richard se rencontrent à un moment clé de leur vie: tous deux sont mariés et mal mariés.
Elle est technicienne en radiologie, elle est appréciée professionnellement mais trouve peu d'épanouissement dans sa vie familiale: son mari est chômeur, peu attentionné, ils ont peu de conversation et peu d'activités ensemble, leur fils est fragile et se remet mal d'une rupture affective.
Richard rencontre Laura lors d'une conférence à Boston.
Il est assureur mais ne se plaît pas trop dans son métier. Sa femme est très distante et son fils a des troubles bipolaires bien préoccupants.
Entre Laura et Richard cela va être le coup de foudre.
Oui mais... un nouveau départ est-il vraiment possible?
Douglas Kennedy nous fait aimer ces personnages qui pourraient être nos voisins ou nos collègues.
Tout est traité ici avec une grande humanité.
Une belle question de morale se pose ici: jusqu'où peut-on aller pour échapper à la frustration d'une vie que l'on n'a pas entièrement choisie?
Pas de réponse ici mais les hésitations et les atermoiements dans lesquels se débattent les personnages nous émeuvent beaucoup.
Un livre différent des Douglas Kennedy que j'ai lus jusqu'ici mais qui vaut peut-être le détour malgré ses airs de roman sentimental. »
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HORIOT Hugo
L'EMPEREUR, C'EST MOI, récit, 2013, 164 pages, ****
HUGO est un jeune enfant autiste, il joue un personnage de l'intérieur. Il parle peu, pense, organise beaucoup. Il communique peu, il classe mentalement les événements. Il veut par-dessus tout sauver sa peau. Il s'exclue pour se protéger. Il parle avec sa mère, échange sur ses actions. Il ne parle pas avec les élèves, les étudiants, les jeunes de son âge. HUGO ne s'encombre pas de paroles inutiles.
Il soigne son désespoir de vivre en société. Le collège pour lui est un bagne. Il nous parle de sa vie dès l'âge de quatre ans puis nous le suivons jusqu'à ses quinze ans.
Un récit touchant. Nous suivons l'évolution d' HUGO par ses actions, ses réflexions.
Une écriture fraîche qui nous fait approfondir de l'intérieur la réalité ou la non existence d' HUGO,
enfant autiste Asperger. Une écriture poétique, philosophique.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
« Il vaut mieux être seul que mal accompagné. »
!Je m'appelle JULIEN HUGO SYLVESTRE HORIOT, mais en m'appelle JULIEN. J'ai quatre ans. Je suis très sage. Trop sage. Quand quelque chose ne me plaît pas, je me mets en colère. Trop en colère. Je crie.Je crie, mais sans paroles. Je ne parle pas. Souvent, je fais des gestes répétitifs. »
« Si les yeux sont les fenêtres de l'âme, comme m'ont dit mes parents, je pourrais voir la vôtre,mais ça m'obligerait à vous dévoiler une partie de la mienne. »
« Vous ne verrez pas mon âme. Vous voyez mon corps et c'est déjà trop, Je n'aime pas votre monde. Je ne peux rien faire, rien décider, si je marche je suis obligé de vous suivre, suive ces consignes sans fondements, rentrer dans le rang deux par deux, et en plus il fait se tenir la main.
Obligé d'abandonner mes pensées, mes images, mes rêves. Je refuse de troquer mes rêves contre vos sourires ou vos bonnes appréciations.
Je ne veux pas être meilleur que vous en quoi que ce soit. Je me fous de vous, de la maternelle, de la kermesse et vos concours de foire. Je ne serai pas votre ami ee encore moins votre valet. »
« Je serai mon propre geôlier.Je suis le seul à avoir les clés et je ne vous donnerai pas les codes. «
« Non! Je n'ai ni le temps, ni l'envie, ni l,énergie d'aller jouer avec mes « petits camarades ». Ça ne sert à rien. »
« Je sais que je suis en prison et que je suis une prison. »
« La peur est la matière que l'on enseigne le mieux à l'Éducation nationale.La peur, la compétition et la soumission. »
« Maintenant je suis au lycéée. Je suis invisible. Je suis vide. »
« Chaque homme a un orage qui gronde dans sa tête. Le voilà réduit au silence. »
SA MÈRE. »Un territoire rempli de contraintes, terriblement organisé. L'explosion de ta fureur me laissait anéantie. Ce refus de notre monde. Ta capacité à résister. Tu souffrais atrocement. Un ennemi vivant, voilà ce que tu étais. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
« Hugo Horiot a été un enfant autiste Asperger. Plongeant dans sa mémoire, il raconte sa souffrance d’avoir été différent, son refus de parler, son désir d’avoir voulu être un autre jusqu’à changer de nom. Au fil des chapitres, il nous entraîne avec lui. Il a quatre ans, huit ans, douze ans. Il a peur. Il se cogne à l'absurdité de la vie comme un papillon contre une lampe. Il est parfois cruel. À travers ce témoignage, il nous fait part de ce qui se passe dans la tête d’un enfant autiste extrêmement intelligent, ses obsessions, ses angoisses, son regard sur notre monde et la guerre sans merci qu’il mène contre lui-même et contre les autres. L’autoportrait d’une justesse troublante et d’une sincérité désarmante d’un enfant en colère. »
Un récit de combat, intense, puissant. Une leçon de vie. Astrid de Larminat, Le Figaro.
Un très beau texte sur la différence. Jacqueline Demornex, Service littéraire.
UNE LECTRICE :
« L'histoire d'un enfant autiste, un enfant différent des autres, celle de Julien Hugo Sylvestre Horiot. Trente ans après, il raconte et alors là, moi je ne peux qu'être enthousiaste devant un tel récit à la suite duquel tout lecteur ne peut pas sortir indemne (enfin, du moins, ce fut le cas pour moi).
Julien est un garçon intelligent mais...différent. Il se construit un petit monde à lui mais, étrangement, est très conscient de ce qui l'entoure et surtout, y est très sensible. Souvent rejeté par ses camarades de classe car, ne rentrant pas dans la norme, il s'isole dans son coin. A l'âge de six ans, il décide de mourir et de revivre dans la peau d'Hugo.
Là, il commence un nouveau départ, plus sûr de lui mais toujours incompris. C'est difficile de trouver des mots pour exprimer l'enchantement que j'ai eu à découvrir ce témoignage poignant, écrit sur un ton léger mais pour raconter des choses qui nous dépassent et que nous ne comprenons pas toujours. Même si Julien (ou Hugo), lui, s'en est bien sorti et est devenu un adulte tout ce qu'il y a de plus normal, rien que de penser à tous ces enfants (et à leurs parents) qui souffrent de vivre dans leur bulle et qui sont souvent rejetés par la société qui les entoure ne peut que me toucher au plus haut point.
J'ai hâte de découvrir le témoignage que sa mère a écrit, elle, il y a déjà quelques temps de cela, "Le petit prince cannibale" pour voir ce qu'une mère peut vivre le handicap de son fils, et surtout, rester impuissante face à cela.
Un récit bouleversant, avec des chapitres courts et des phrases simples mais qui sont pourtant très fortes ! A découvrir et à faire découvrir ! «
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Un livre qui assume,endosse, relate l'histoire du peuple INNU depuis mille ans. Mais dont les origines de leur présence en Amérique remontent à huit milles ans. Une amitié profonde et vécue relie l'auteur au peuple INNU. Il a vécu parmi eux, les a accompagnés dans leur histoire et leurs pérégrinations, leur histoire de peuple nordique, leur confrontation à la civilisation des hommes blancs vainqueurs.Eux les vaincus.
Un livre révélateur et touchant d'un anthropologue de terrain.
Un grand livre, un livre magistral, un historien acharné à trouver les sources de l'histoire d'un grand peuple autochtone du Québec, les INNUS.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com, À visiter
« En réalité, rien n'est moins neuf que le « Nouveau Monde ». Le NITASSINAN, le pays des INNUS. Car l'Amérique n'a pas émergé en 1492..elle n'a pas attendue Christophe Colomb pour être découverte. Ce continent a un passé riche, beaucoup plus ancien que ne l'établit couramment L'Occident.
À l'époque précolombienne, déjà , l'Amérique avait ses vieux mythes, ses ruines, ses antiquités. »
« L'Indien ne participe pas la marche de la civilisation, le progrès, même moral, ne le concerne pas.
On l'a écarté des grands desseins nationaux. »
« Apparentés à la grande famille algonquienne, les INNUS sont présents dans la péninsule Québec-Labrador depuis plusieurs millénaires. »
« Je rêvassais et voyageais dans le temps, nous glissions sur l'eau calme comme une nef sur la surface d'un indéfinissable vide... »
« MICHEL.il ne parle pas beaucoup, en tout cas pas en français, mais il va beaucoup t'apprendre. Tu n'as qu'`observer. »
« MICHEL. Voilà l' Innu par excellence...celui qui donnerait tout pour rire un bon coup, l' Innu moqueur, le joueur de tours, »
« Son rire était bienveillant, c'était le rire d,un homme bon...il avait confiance en ma candeur. »
« Les Indiens n'avaient pas demandé ces maisons, comme ils n'avaient pas demandé le programme des pensionnats. »
« Les peuples du caribou et des grandes chasses voyaient tout s'écrouler autour d'eux et on leur proposait en retour le désœuvrement et l'indignité de la réserve indienne. Ils vivaient des temps tragiques. »
« La mer, les bateaux, c'est ainsi qu'un « Nouveau Monde » est apparu aux yeux des anciens INNUS. »
« INNUS. FRANÇAIS... parce que les Blancs, avec leur farine et leurs fusils, devaient les aider pour toujours...on finirait par les déloger et qu'on leur enlèverait leur terre. »
:Les Amérindiens ...avaient une vision du monde qui comblait parfaitement leurs besoins spirituels. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
http://www.luxediteur.com/peuple-rieur-lettre-damour-signee-serge-bouchard/
« Le livre que vous vous apprêtez à lire raconte la très grande marche d’un tout petit peuple, il refait à la fois le chemin de sa joie et son chemin de croix. Présente aux premières lignes du journal de voyage de Champlain, aujourd’hui aussi familière que mystérieuse, la nation innue vit et survit depuis au moins deux mille ans dans cette partie de l’Amérique du Nord qu’elle a nommée dans sa langue Nitassinan : notre terre.
Au fil des chapitres, vous allez accompagner le jeune anthropologue que j’étais au début des années 1970, arrivé à Ekuanitshit (Mingan). Vous le devinez, ces petites histoiLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
res sont prétextes à en raconter de plus grandes. Cellres sont prétextes à en raconter de plus grandes. Celles d’un peuple résilient, une société traditionnelle de chasseurs nomades qui s’est maintenue pendant des siècles, une société dont les fondements ont été ébranlés et brisés entre 1850 et 1950, alors que le gouvernement orchestrait la sédentarisation des adultes et l’éducation forcée des enfants. Ce récit commence dans la nuit des temps et se poursuit à travers les siècles, jusqu’aux luttes politiques et culturelles d'aujourd'hui — Serge Bouchard
LE PEUPLE RIEUR: UNE LETTRE D’AMOUR SIGNÉE SERGE BOUCHARD
La lecture du livre Le peuple rieur, c’est un peu comme s’asseoir autour du feu avec Serge Bouchard. Pendant ces quelques 300 pages, sa grosse voix réconfortante nous berce et nous amène sur les terres innues, le Nitassinan. Au fil du récit, la forêt boréale enveloppe autant celui qui écoute que celui qui raconte. Et peu à peu, l’intimité des bois fait son effet : Bouchard nous livre ses expériences de vie sur le ton de celui qui se confie à un ami.
Ce livre parle d’une histoire d’amour : celle entre Serge Bouchard et ses amis rieurs de la Côte-Nord. D’ailleurs, il écrit cet ouvrage avec sa compagne, Marie-Christine Lévesque. Leur couple partage cet amour commun, qu’ils traduisent par un livre dédié aux Innus. Avec cet essai à la fois historique, personnel et anthropologique, Bouchard revisite ses souvenirs et souhaite redonner à ce peuple auprès duquel il a tant appris.
Et pour ce qui est de redonner, il le fait de différentes façons. Mais la plus significative, selon moi, est de répandre la vision que le peuple innu est rieur. C’est un discours que l’on entend peu dans les médias, et c’est pourquoi Serge Bouchard corrige le tir : c’est un élément essentiel de cette culture ! Portés par leur fort intérêt pour la culture innue, Bouchard et Lévesque écrivent un livre à milles lieues des stéréotypes. Et il y a quelque chose de beau et d’absolument réjouissant d’entendre parler d’une nation autochtone de cette façon.que Serge Bouchard débarque à MinLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.
Cette quiétude sera d’ailleurs intermittente : le rire occupera une place toute spéciale dans le quotidien de Mingan. C’est donc par ses maladresses et ses incompréhensions que Bouchard saisira l’un des aspects cruciaux pour être accepté et vivre dans la communauté : l’autodérision. Il adhérera à son surnom donné par les Innus, « le barbu », tout comme il se permettra de rire de lui-même lorsqu’il échappera son porte-feuille dans la rivière.
Même si Le peuple rieur aborde plutôt un ton sérieux dans l’ensemble, il est parsemé de blagues innues et d’anecdotes qui agrémentent la lecture et viennent s’allier au vécu de Serge Bouchard. À mon avis, le propos du livre aurait toutefois bénéficié d’une présence plus accrue de ces incursions humoristiques.
Pour faire un pied de nez aux effacements historiques subis par les Innus, l’auteur relate leur Histoire avec moult détails. Il fait ainsi ce que les gouvernements canadiens ont refusé de faire jusqu’à ce jour : retracer l’histoire de cette nation pour lui reconnaître ses droits ancestraux sur le territoire.
Au passage, Serge Bouchard critique l’utilisation des termes génériques tels qu’« autochtone » ou « Premières Nations » : il faut apprendre à nommer les nations par leurs noms et non par des mots qui sont vides de signification. Les noms sont magnifiques et portent le poids de la mémoire, alors pourquoi refuser de s’en servir?
En plus de l’importance des mots et des récits historiques, Bouchard nous apprend qu’il n’y a pas qu’une façon de voir les choses. À Mingan, il a appris que c’est un tout autre ordre du monde qui règne. Par exemple, on ne tue pas l’ours qui rôde autour d’une maison, car l’aîné l’a reconnu : c’est l’esprit de Mathias, villageois désormais décédé, qui vient visiter son ancienne demeure. En nous racontant ces bribes, on se sent vite habité par ces fragments de la vie innue. On comprend également que le point de vue autochtone a été brutalement écarté de l’ensemble de la société et de l’Histoire du pays telle qu’on la connaît. Ce livre se veut ainsi un acte de résistance, un acte d’amour.
Autrefois, c’était lui, le jeune Serge Bouchard, qui a appris des aînés autochtones. Maintenant âgé de 70 ans, c’est à son tour de transmettre son vécu par l’entremise de ce livre. Et pas besoin d’avoir un bac en anthropologie pour apprécier son récit, il suffit d’être curieux. Car avant tout, c’est ce que Bouchard souhaite faire : intéresser les lecteurs au peuple innu. Par ses mots, il a également réussi à me donner le goût de Mingan, celui de visiter le territoire. Difficile de rester de glace devant ses descriptions amoureuses et dévouées de la forêt boréale.
Et pour la suite des choses, l’auteur est confiant :
Les Innus du futur seront ce qu’ils et elles voudront être, sans avoir à sacrifier leur culture, mais en la valorisant plutôt, en l’affirmant, en l’exprimant sur la scène internationale. (p. 290)
Bouchard se tourne ainsi vers l’avenir, souhaitant avoir créé dans son sillage des futurs lecteurs/anthropologues/historiens qui se pencheront sur la culture innue et écouteront les récits futurs. Car, à la suite d’An Antane Kapesh qui publiait Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu en 1976 et qui lançait un cri de résistance innu, ce sont désormais les Naomi Fontaine et Natasha Kanapé Fontaine qui portent cette voix. Et à travers leurs œuvres, c’est la fierté d’être autochtone, la fierté d’être Innue, qui peut jaillir.
Connaissez-vous la culture innue? Avez-vous lu des écrivains et écrivaines de cette nation?
Lancement du «Manifeste des parvenus»
Florence Morin-Martel, Le Fil rouge, 27 mars 2018
Un livre qui assume,endosse, relate l'histoire du peuple INNU depuis mille ans. Mais dont les origines de leur présence en Amérique remontent à huit milles ans. Une amitié profonde et vécue relie l'auteur au peuple INNU. Il a vécu parmi eux, les a accompagnés dans leur histoire et leurs pérégrinations, leur histoire de peuple nordique, leur confrontation à la civilisation des hommes blancs vainqueurs.Eux les vaincus.
Un livre révélateur et touchant d'un anthropologue de terrain.
Un grand livre, un livre magistral, un historien acharné à trouver les sources de l'histoire d'un grand peuple autochtone du Québec, les INNUS.
Gilles LAGROIS, Auclair, Québec
www.livresentete.vip-blog.com, À visiter
« En réalité, rien n'est moins neuf que le « Nouveau Monde ». Le NITASSINAN, le pays des INNUS. Car l'Amérique n'a pas émergé en 1492..elle n'a pas attendue Christophe Colomb pour être découverte. Ce continent a un passé riche, beaucoup plus ancien que ne l'établit couramment L'Occident.
À l'époque précolombienne, déjà , l'Amérique avait ses vieux mythes, ses ruines, ses antiquités. »
« L'Indien ne participe pas la marche de la civilisation, le progrès, même moral, ne le concerne pas.
On l'a écarté des grands desseins nationaux. »
« Apparentés à la grande famille algonquienne, les INNUS sont présents dans la péninsule Québec-Labrador depuis plusieurs millénaires. »
« Je rêvassais et voyageais dans le temps, nous glissions sur l'eau calme comme une nef sur la surface d'un indéfinissable vide... »
« MICHEL.il ne parle pas beaucoup, en tout cas pas en français, mais il va beaucoup t'apprendre. Tu n'as qu'`observer. »
« MICHEL. Voilà l' Innu par excellence...celui qui donnerait tout pour rire un bon coup, l' Innu moqueur, le joueur de tours, »
« Son rire était bienveillant, c'était le rire d,un homme bon...il avait confiance en ma candeur. »
« Les Indiens n'avaient pas demandé ces maisons, comme ils n'avaient pas demandé le programme des pensionnats. »
« Les peuples du caribou et des grandes chasses voyaient tout s'écrouler autour d'eux et on leur proposait en retour le désœuvrement et l'indignité de la réserve indienne. Ils vivaient des temps tragiques. »
« La mer, les bateaux, c'est ainsi qu'un « Nouveau Monde » est apparu aux yeux des anciens INNUS. »
« INNUS. FRANÇAIS... parce que les Blancs, avec leur farine et leurs fusils, devaient les aider pour toujours...on finirait par les déloger et qu'on leur enlèverait leur terre. »
:Les Amérindiens ...avaient une vision du monde qui comblait parfaitement leurs besoins spirituels. »
POUR EN SAVOIR DAVANTAGE :
http://www.luxediteur.com/peuple-rieur-lettre-damour-signee-serge-bouchard/
« Le livre que vous vous apprêtez à lire raconte la très grande marche d’un tout petit peuple, il refait à la fois le chemin de sa joie et son chemin de croix. Présente aux premières lignes du journal de voyage de Champlain, aujourd’hui aussi familière que mystérieuse, la nation innue vit et survit depuis au moins deux mille ans dans cette partie de l’Amérique du Nord qu’elle a nommée dans sa langue Nitassinan : notre terre.
Au fil des chapitres, vous allez accompagner le jeune anthropologue que j’étais au début des années 1970, arrivé à Ekuanitshit (Mingan). Vous le devinez, ces petites histoiLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
res sont prétextes à en raconter de plus grandes. Cellres sont prétextes à en raconter de plus grandes. Celles d’un peuple résilient, une société traditionnelle de chasseurs nomades qui s’est maintenue pendant des siècles, une société dont les fondements ont été ébranlés et brisés entre 1850 et 1950, alors que le gouvernement orchestrait la sédentarisation des adultes et l’éducation forcée des enfants. Ce récit commence dans la nuit des temps et se poursuit à travers les siècles, jusqu’aux luttes politiques et culturelles d'aujourd'hui — Serge Bouchard
LE PEUPLE RIEUR: UNE LETTRE D’AMOUR SIGNÉE SERGE BOUCHARD
La lecture du livre Le peuple rieur, c’est un peu comme s’asseoir autour du feu avec Serge Bouchard. Pendant ces quelques 300 pages, sa grosse voix réconfortante nous berce et nous amène sur les terres innues, le Nitassinan. Au fil du récit, la forêt boréale enveloppe autant celui qui écoute que celui qui raconte. Et peu à peu, l’intimité des bois fait son effet : Bouchard nous livre ses expériences de vie sur le ton de celui qui se confie à un ami.
Ce livre parle d’une histoire d’amour : celle entre Serge Bouchard et ses amis rieurs de la Côte-Nord. D’ailleurs, il écrit cet ouvrage avec sa compagne, Marie-Christine Lévesque. Leur couple partage cet amour commun, qu’ils traduisent par un livre dédié aux Innus. Avec cet essai à la fois historique, personnel et anthropologique, Bouchard revisite ses souvenirs et souhaite redonner à ce peuple auprès duquel il a tant appris.
Et pour ce qui est de redonner, il le fait de différentes façons. Mais la plus significative, selon moi, est de répandre la vision que le peuple innu est rieur. C’est un discours que l’on entend peu dans les médias, et c’est pourquoi Serge Bouchard corrige le tir : c’est un élément essentiel de cette culture ! Portés par leur fort intérêt pour la culture innue, Bouchard et Lévesque écrivent un livre à milles lieues des stéréotypes. Et il y a quelque chose de beau et d’absolument réjouissant d’entendre parler d’une nation autochtone de cette façon.que Serge Bouchard débarque à MinLE PEUPLE RIEUR, 2017, 299 pages, Hommage à mes amis innus, Lux, iconographie, sources et références
gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.gan. Il sera reçu chez un couple innu, Michel et Adèle, qui veillera sur lui et le guidera tout au long de son passage dans ces terres. Comme un enfant innu à qui l’on transmet les savoirs ancestraux, Serge Bouchard intégrera des connaissances autochtones en imitant ses hôtes. Au cœur de cette cohabitation, il y aura des silences. Mais c’est à travers ces moments de calme qu’ils apprendront à s’aimer, ne parlant pas la même langue, mais se sentant bien ensemble.
Cette quiétude sera d’ailleurs intermittente : le rire occupera une place toute spéciale dans le quotidien de Mingan. C’est donc par ses maladresses et ses incompréhensions que Bouchard saisira l’un des aspects cruciaux pour être accepté et vivre dans la communauté : l’autodérision. Il adhérera à son surnom donné par les Innus, « le barbu », tout comme il se permettra de rire de lui-même lorsqu’il échappera son porte-feuille dans la rivière.
Même si Le peuple rieur aborde plutôt un ton sérieux dans l’ensemble, il est parsemé de blagues innues et d’anecdotes qui agrémentent la lecture et viennent s’allier au vécu de Serge Bouchard. À mon avis, le propos du livre aurait toutefois bénéficié d’une présence plus accrue de ces incursions humoristiques.
Pour faire un pied de nez aux effacements historiques subis par les Innus, l’auteur relate leur Histoire avec moult détails. Il fait ainsi ce que les gouvernements canadiens ont refusé de faire jusqu’à ce jour : retracer l’histoire de cette nation pour lui reconnaître ses droits ancestraux sur le territoire.
Au passage, Serge Bouchard critique l’utilisation des termes génériques tels qu’« autochtone » ou « Premières Nations » : il faut apprendre à nommer les nations par leurs noms et non par des mots qui sont vides de signification. Les noms sont magnifiques et portent le poids de la mémoire, alors pourquoi refuser de s’en servir?
En plus de l’importance des mots et des récits historiques, Bouchard nous apprend qu’il n’y a pas qu’une façon de voir les choses. À Mingan, il a appris que c’est un tout autre ordre du monde qui règne. Par exemple, on ne tue pas l’ours qui rôde autour d’une maison, car l’aîné l’a reconnu : c’est l’esprit de Mathias, villageois désormais décédé, qui vient visiter son ancienne demeure. En nous racontant ces bribes, on se sent vite habité par ces fragments de la vie innue. On comprend également que le point de vue autochtone a été brutalement écarté de l’ensemble de la société et de l’Histoire du pays telle qu’on la connaît. Ce livre se veut ainsi un acte de résistance, un acte d’amour.
Autrefois, c’était lui, le jeune Serge Bouchard, qui a appris des aînés autochtones. Maintenant âgé de 70 ans, c’est à son tour de transmettre son vécu par l’entremise de ce livre. Et pas besoin d’avoir un bac en anthropologie pour apprécier son récit, il suffit d’être curieux. Car avant tout, c’est ce que Bouchard souhaite faire : intéresser les lecteurs au peuple innu. Par ses mots, il a également réussi à me donner le goût de Mingan, celui de visiter le territoire. Difficile de rester de glace devant ses descriptions amoureuses et dévouées de la forêt boréale.
Et pour la suite des choses, l’auteur est confiant :
Les Innus du futur seront ce qu’ils et elles voudront être, sans avoir à sacrifier leur culture, mais en la valorisant plutôt, en l’affirmant, en l’exprimant sur la scène internationale. (p. 290)
Bouchard se tourne ainsi vers l’avenir, souhaitant avoir créé dans son sillage des futurs lecteurs/anthropologues/historiens qui se pencheront sur la culture innue et écouteront les récits futurs. Car, à la suite d’An Antane Kapesh qui publiait Je suis une maudite sauvagesse / Eukuan nin matshimanitu innu-iskueu en 1976 et qui lançait un cri de résistance innu, ce sont désormais les Naomi Fontaine et Natasha Kanapé Fontaine qui portent cette voix. Et à travers leurs œuvres, c’est la fierté d’être autochtone, la fierté d’être Innue, qui peut jaillir.
Connaissez-vous la culture innue? Avez-vous lu des écrivains et écrivaines de cette nation?